Transat 2020-2
La moitié de l’équipage est manquante, dans l’impossibilité de rallier St Martin par les liaisons aériennes défaillantes pour cause de coronavirus. Pas de candidat de dernière minute non plus sur les annonces de la capitainerie de Fort-Louis. Nous ferons donc cette transat à deux. Retour aux sources : en binôme comme pour ma toute première transat sur Teles il y a 10 ans (cf. transat 2010).
3 juillet : fin d’après-midi, Julien et moi sommes prêts au départ. Nous levons l’ancre de la baie du Marigot alors que le jour décline, destination les Açores.
St Martin : le Marigot |
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Adieu à Véronique et Pascal sur Felicity, qui photographient notre départ |
Nous commençons par perdre du temps pour contourner Anguilla, qui interdit non seulement son sol mais même ses eaux territoriales à tout navire étranger sous peine d’arraisonnement et d’amende plus que salée. Nous passons au large de la pointe ouest puis commençons dans la nuit la remontée de l’alizé au près bon plein : vent 15 nœuds, cap au 30° en lofant progressivement vers l’est, vitesse 7 nœuds, mer passablement agitée. Julien accuse une certaine fatigue, les anti-mal de mer sont bienvenus…
Le vent fraîchit les jours suivants et nous prenons plusieurs fois un ris, largué dès que le vent mollit car nous luttons contre un perfide courant contraire.
7 juillet : le vent adonne et mollit franchement, nous quittons les alizés et entrons dans une vaste zone de vents faibles que je redoutais en cette saison. Nous faisons nos premières heures de route au moteur, le moins possible, en remettant sous voiles dès que le vent revient à une force maniable, autour de 7 nœuds.
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Le barographe monte, monte... |
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Les levers de soleil ne sont pas mal non plus |
Dès les premiers jours se sont déclarées les inévitables petites avaries qui font le piment (la joie, même !) de la navigation : le renfort du point d’écoute du génois s’est décousu sur une trentaine de centimètres ; le congélateur tourne en permanence sans produire beaucoup de froid pour autant, et vide allègrement les batteries jour et nuit ; les courroies d’alternateurs patinent, malgré une remise en tension, et l’alternateur bâbord présente de surcroît des faux contacts perturbant la recharge si nécessaire des batteries.
Alternateur à éclipses...
Les problèmes d’énergie seront progressivement résolus après de nombreuses visites dans les cales moteurs : les courroies d’alternateurs sont finalement changées, les bornes de sortie d’alternateur bâbord sont nettoyées et équipées de nouveaux écrous. Après plusieurs reprises et fignolages, tout rentre dans l’ordre et on peut enfin recharger normalement les batteries dévorées par le congélateur. Julien déploie tous ses efforts en cuisine pour le vider en priorité, et la situation s’améliorera nettement quand nous pourrons enfin éteindre ce glouton insatiable en ampères.
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Julien aux fourneaux |
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Enfin vide !
Pour le génois, il faut attendre une journée suffisamment déventée pour pouvoir l’affaler et faire une réparation de fortune. C’est chose faite le 9 juillet : un atelier de voilerie est improvisé sur la plage avant. Je reprends la couture qui a lâché ainsi que le bloqueur du nerf de bordure, en constatant que plusieurs coutures seront à refaire dans la même zone dès l’escale des Açores. D’ici là, il faudra ménager la voile autant que faire se peut…
Voilerie embarquée
La traversée des zones de calmes prend plusieurs jours. Le vent ne dépasse pas force 2 à 3 et les heures de route au moteur s’additionnent, parfois des journées entières. Les réserves en carburant commencent à fortement baisser : nous en avons largement consommé la moitié alors que nous sommes encore loin de la mi-parcours… Il faut se résoudre à faire de la très petite vitesse sous voiles, ce que fait Powhatan avec toute sa bonne volonté : même avec très peu de vent, il avance, ne serait-ce qu’à 2 nœuds, voire moins. Nos distances journalières s’effondrent à moins de 90 milles.
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Note : la couleur intense du rayon vert sature le capteur du smartphone avec lequel il a été enregistré. Le rayon vert apparaît d'une nuance plus claire qu'en réalité, tirant sur le jaune, et sur une trentaine de secondes alors qu'il n'est visible que 2 à 3 secondes à l’œil nu.

C’est là que nous dépassons le seul voilier rencontré lors de la traversée : « Positive II », immatriculé aux BVI.
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Un mât sur l'horizon |
Les cargos sont nettement plus nombreux |
19 juillet : nous atteignons le point le plus au nord de notre route, où le vent adonne comme prévu pour nous permettre de mettre le cap au sud-est, vent travers direct sur São Miguel. Il reste 400 milles à parcourir.
20 juillet : terre, terre ! Après 17 jours de mer, Flores est en vue au lever du jour. Julien ne cache pas sa joie.
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Crépuscule sur Flores et Corvo |
Le vent mollit progressivement le jour suivant et nous faisons route au moteur pour descendre l’ensemble de l’archipel des Açores d'ouest en est.
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Faial et Pico |
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Le canal entre São Jorge à bâbord, Faial et Pico à tribord |
São Miguel en vue, on sort les pare-battages |
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Un cadre maintenant familier |
Les travaux à bord vont nous occuper quelques jours sous un temps estival : démontage de l’hélice d’hydrogénérateur encombrée de fils, changement d’une pompe de cale, divers bricolages et grand nettoyage intérieur et extérieur. Les réparations sur le génois, les frigos, et une soudure sur un balcon seront exécutées avec leur efficacité habituelle par Thomas et Any (Boat & Sail Service) en une petite semaine. La ville est désertée pour cause de coronavirus ; nous y trouvons quelques bonnes tables, rares mais accueillantes, avant de reprendre la mer.
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Ponta Delgada au ralenti |
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