25 juin 2020

Transat post-confinement : prologue antillais

Transat 2020 - 1
 
Ma huitième transat (cinquième dans le sens ouest-est) débute laborieusement en pleine crise du coronavirus : deux mois de retard, équipiers absents, professionnels du nautisme en activité réduite, et approche de la saison cyclonique.

Une seule idée en tête : ramener Powhatan en métropole en attendant des jours meilleurs.



12 juin : les vols d’Air Caraïbes reprennent vers les Antilles, je suis dans le tout premier avion à rallier Fort de France. Après avoir failli être refoulé par la PAF au départ de Paris (ramener un bateau, était-ce un motif impérieux ? Le « chef » a finalement dit oui), les contrôles sanitaires à l’arrivée sont sourcilleux : programmation des tests, assignation à domicile, remplissage de multiples formulaires… Je tombe sur une jeune interne en médecine éprise de voile et qui me facilite heureusement la tâche.

 

Contrôle sanitaire à l'aéroport de Fort de France


Je retrouve Powhatan à la marina Z’Abricots de Fort-de-France, éprouvé par 4 mois d’immobilisation : la coque est couverte d’une épaisse couche d’algues et bestioles diverses, le pont est très sale, mais l’intérieur est préservé. 

 

 

 

 Marina Z'Abricots

 

Je fais le tour des avaries : un câble de drosse de barre est effiloché et au bord de la rupture, le convertisseur 1500 W est en panne, le traceur intérieur est en panne. Les moteurs tournent rond avec des hélices pas trop encombrées de fouling, les batteries sont bien chargées, pas de problème sur le mouillage ou le gréement. Et rien n’a été volé.

Un câble à changer

 

Après 2 jours passés au nettoyage à quai, je quitte la tranquille marina Z’Abricots pour le mouillage des Trois Îlets. Le ciel est obscurci par une brume de sable comme on n'en a jamais vu.

3 Îlets - Anse à l'Âne

Brume de sable dense sur Fort-de-France

 

Je mets à profit la quarantaine de sept jours pour monter diverses pièces de rechange apportées de métropole. Julien, mon premier équipier, est un jeune résident en Martinique et se trouve donc sur place. Son aide sera précieuse pour nettoyer la coque, me transporter au Marin et faire le tour des entreprises.

Julien embarque et fait ses adieux à sa maman

Seul le câble de barre ne peut être réparé ni changé, j’espère donc pouvoir être dépanné à St Martin où je dois embarquer deux autres équipières venant de Jamaïque et des États-Unis.

 

24 juin : la libre circulation vient d’être rétablie entre les îles des Antilles françaises. Julien et moi quittons la Martinique au matin, cap sur St Martin. Belle navigation sous l’alizé de 20 nœuds qui nous pousse sous 1 ris avec une bonne vitesse de 9 à 10 nœuds.

En remontant la Martinique

 


Lever du jour au large de la Guadeloupe

St Kitts

St Eustatius ("Statia")

Nous croisons des familles de dauphins, des tortues, et surtout une baleine à bosse, majestueuse silhouette noire qui passe à quelques mètres de nous au large de la Dominique.

 

Les ralentissements sous le vent des îles sont de courte durée et nous couvrons les 272 milles en 32 heures. 

Nous jetons l’ancre au mouillage du Marigot le 25 juin au soir.

 










Trace GPS de la traversée

 

St Martin : baie du Marigot
 

Pour Julien, c’est une première : navigation de nuit, participation aux quarts, pas trop de mal de mer et un apprentissage rapide des manœuvres. 

 

 

 

Ce prologue est aussi un test pour le bateau : la casse se résume à une poulie du rail d’écoute de grand-voile, le bateau est apte pour la transat.

Une poulie à remplacer
 

Devant la ville et le port du Marigot

 

En attendant la reprise des vols internationaux sur St Martin et l’arrivée des équipières, nous avons quelques jours pour terminer la préparation du bateau. A son habitude, FKG Rigging répare impeccablement mon câble de barre et mon chariot de grand-voile. L’Île Marine me fournit un complément d’accastillage et surtout remplit mes bouteilles de gaz, chose impossible en Martinique. Le plein de carburant est fait, l’avitaillement également en grande partie, sous le régime des masques et gestes-barrière imposés dans tous les commerces. 

Dernier week-end de détente en compagnie de Pascal et Véronique que nous retrouvons sur Felicity au mouillage.

Felicity en baie de Friar

 

 

Pour les derniers jours avant le départ, nous amarrons le bateau au port de Fort-Louis, dont la capitainerie est un camp retranché bardé de serrures à codes avec filtrage des accès, et les deux employées aussi masquées que désœuvrées. 

Powhatan à la marina Fort-Louis

Un habitué du port

Nous sommes en liaison permanente avec mes équipières, qui égrènent une litanie de plus en plus angoissée de vols annulés, reportés, modifiés sans préavis. Jusqu’au dernier moment, nous gardons espoir de voir leur avion arriver parmi les rares mouvements sur l’aéroport Juliana. Le 3 juillet, le nième vol de remplacement, qui semblait être le bon, est annulé comme les autres. C’est ma date-limite pour le départ, il faut se résoudre à partir à deux. Déception pour tout le monde, chacun regagnera l’Europe de son côté.


Le départ imminent est fêté autour d'une bonne table du port

 

À suivre ici


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