Transat 2020 - 3
Nous reprenons la mer en équipage réduit, Julien et moi, n’ayant trouvé aucun équipier supplémentaire à l’escale de Ponta Delgada.
Nous reprenons la mer en équipage réduit, Julien et moi, n’ayant trouvé aucun équipier supplémentaire à l’escale de Ponta Delgada.
L’anticyclone tourne autour des Açores et nous offre une bonne fenêtre météo pour le départ, au moins les premiers jours.
29 juillet : nous larguons les amarres sous un temps gris mais qui va rapidement s’éclaircir, poussés par un vent de sud-ouest fraîchissant dès l’après-midi à 18 nœuds.
Nous sommes au portant, voiles en ciseaux puis grand largue, mer assez agitée avec houle très courte.
Après le passage d’un front, le vent passe au nord, mollissant à force 4, et nous pousse au petit largue vers la méditerranée. Nous croisons 2 voiliers en route pour les Açores.
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On est dessous ! |
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Réduction de voilure |
Les prévisions météo annoncent une renverse du vent sur Gibraltar pour le 4 août, passant à l’est à 30 nœuds. Arriverons-nous avant ?
En attendant, nous avons droit à quelques caprices des moteurs, qui ne tournent que pour les besoins en énergie. Le tribord fait retentir une alarme : présence d’eau dans le joint de saildrive. Ce n’est pas une bonne nouvelle, mais avant de prévoir un mayday et une évacuation pour voie d’eau massive, j’observe que la pompe de cale s’est renversée et qu’il y a pas mal d’eau. Sur les conseils de mon motoriste, contacté par Iridium, je me contente de débrancher la sonde pour arrêter l'angoissante sirène : problème provisoirement réglé, en attendant le changement du joint prévu en fin de saison.
Pas de problème urgent sur le joint de saildrive |
Du côté bâbord, coucou le revoilà : l’alternateur et ses faux contacts. Les bornes sont oxydées et ne tiennent plus le serrage malgré contre-écrous et frein-filet. J’en serai quitte pour descendre régulièrement dans la cale et resserrer, resserrer.
2 août : nous arrivons sur les alizés portugais, bien vigoureux avec rafales annoncées à plus de 30 nœuds. Nous prenons le 1er ris, puis le 2ème à mesure du fraîchissement du vent. Dans la nuit, les rafales dépassent 36 nœuds et notre vitesse bat des records : des surfs jusqu’à 14 nœuds, 198 milles parcourus en 24 h. Powhatan est submergé de vagues et d’embruns mais garde une route tout à fait stable sous pilote. A l’intérieur, c’est par moments la machine à laver : Julien déserte sa cabine avant et investit le carré comme nouveau domicile. Les repas sont acrobatiques, quelques plats finissent par terre et un verre est brisé.
2 à 3 mètres de creux |
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L'anémomètre s'affole un peu |
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Position de repli dans le carré |
Après le passage sous le cap São Vicente, le vent adonne sans beaucoup mollir, mais l’allure devient nettement plus confortable, en gardant une vitesse moyenne de 8 nœuds.
4 août : au lever du jour, nous sommes en vue des côtes à hauteur du cap Trafalgar et à 22 milles de Tarifa, à l’entrée du détroit de Gibraltar.
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Le détroit de Gibraltar, côté ouest |
C’est la joie pour l’équipage : la transat se termine sur un beau parcours de navigation depuis les Açores dans des conditions quasi-idéales. 1009 milles ont été parcourus en 6 jours entièrement sous voiles, soit une moyenne de 168 milles par jour à 7 nœuds.
La trace GPS depuis les Açores |

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Le rocher de Gibraltar avec une drôle de casquette |
Cargos et plateformes en baie d'Algésiras |
Nous voici en méditerranée. La canicule bat son plein sur l’Europe et nous le ressentons bien malgré l’effet rafraîchissant du vent en mer : retour des quarts en short ! Le vent d’est persiste en mer d’Alboran jusqu’à 26 nœuds avec un courant contraire d’1 nœud, parfois plus. Nous le remontons laborieusement au moteur près de la côte, avant de tirer un bord sous voiles réduites à 2 ris après le passage du cap Gata : une journée au près bon plein sur une mer agitée et dans un trafic ininterrompu de cargos.
Des navires de toutes tailles et toutes formes |
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La vigilance radar et AIS est de mise |
La côte de Murcie | |

7 août : le vent mollit un peu, toujours de face et nous tirons encore un bord au sud des Baléares. La grand-voile est affalée et je fais une réparation de fortune qui permettra de la porter haute jusqu’à l’arrivée.
De nouveau l'aiguille en main |
Nous passons au moteur le cap Nao, et à partir de là le sprint final est une ligne droite parfaite sur 360 milles, que nous parcourons moitié sous voiles avec un petit vent de sud-est par travers-largue, moitié au moteur. Nous passons à l’ouest des Baléares, puis au large de Barcelone et du cap Creus, cap direct sur Toulon.
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À l'ouest d'Ibiza |
10 août : la côte varoise est en vue. En entrant dans les eaux territoriales, je tente de contacter le Cross, pour demander quelles règles appliquer vis-à-vis du contexte pandémique. Malgré plusieurs appels, je n’obtiens aucune réponse. Et, pour une fois, je ne suis abordé ni par les douanes, ni par la Marine Nationale !
Entrée dans la rade de Toulon |
Nous atteignons Toulon à la tombée de la nuit, et jetons l’ancre à 21h30 devant les plages de la Mitre. Nous avons parcouru 1825 milles depuis Ponta Delgada en 12 jours sans escale : la plus rapide de mes traversées sur ce parcours.
Mouillage final à La Mitre |
Merci à Julien pour sa contribution en photos
Merci pour le partage !
RépondreSupprimerMalgré tous les contre-temps, encore une belle transat rondement menée.
Une mention spéciale pour les couchers de soleil : on s'y croit vraiment.
Flora
toujours aussi beau rapport de l'aventure et comme toujours avec ces petits lots de mésaventures.
RépondreSupprimersuper
Ca donne envie d'y aller!!!
RépondreSupprimerPascal