16 juillet 2009

Bordée maltaise 2009 : escales en Tunisie

Bordée maltaise 2009 - 3

BordMalt09_J.jpg11 juillet : la plus longue étape de la croisière va nous mener aux rives africaines : 239 milles en distance, en réalité 262 milles parcourus compte tenu des bords arrière. Un vrai défi pour l'équipage, 48 heures de navigation dont 2 nuits en haute mer.














 

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Les pleins sont faits en gazole (consommation quasi-nulle depuis le départ), eau douce, vivres, bière et surtout rosé... La production d'énergie suit parfaitement les besoins. Les quarts de nuit succèdent aux siestes de jour, indispensables pour une bonne gestion du sommeil.

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Sur un tel parcours, nous allons tout connaître. Le vent est d'abord généreux, un bon force 6 : Benoît va s'éclater dans les surfs sur des vagues de 2 mètres, le bateau dépassera plusieurs fois les 10 nœuds en vitesse-fond. Puis tout cela va faiblir : on va de nouveau hisser le spi dans le petit temps, et finir au moteur jusqu'à l'arrivée en vue de la côte tunisienne. 

Selon les prévisions météo, j'avais décidé un large bord vers l'est, pour redescendre plein sud quand le vent tournerait à l'ouest. C'était une erreur : la rotation a été beaucoup plus tardive, et sur un vent mollissant à tel point que ce supplément de route nous a beaucoup retardés. Inutile d'essayer de rattraper le peloton qui a d'emblée pris une route directe au moteur... Pourtant quel plaisir que ces heures de barre avec un bateau vivant, ses 7,5 tonnes escaladant puis dévalant les montagnes d'eau à notre poursuite !

Une fois au large, nous nous retrouvons dans le canal de Sardaigne : une des routes maritimes les plus fréquentées de méditerranée, véritable rail qui joint le canal de Suez à Gibraltar. Nous passons au milieu de dizaines de monstres dont la taille standard dépasse les 300 m.

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Après avoir longé de loin la côte nord de Tunisie, nous approchons le cap Bon sous le soleil couchant. Pour l'honneur, le moteur est arrêté et l'asymétrique de nouveau hissé jusqu'à la nuit : malgré un vent ne dépassant pas 6 nœuds, comment ne pas aborder l'Afrique sous voiles ?

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La pointe nord-est du cap Bon

Au matin du 3ème jour, nous entrons dans Port Yasmine, la grande marina près d'Hammamet. C'est ma première arrivée en bateau dans un pays non européen : pavillon Q, mise en attente pendant les formalités, visite des douaniers.

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Port Yasmine : la capitainerie

Le contact est aimable et efficace. Mes quelques réminiscences d'arabe tirent des sourires polis aux uniformes pendant que je noircis des pages en 5 exemplaires... Nous bénéficions surtout du passage avant nous (!) de presque tous les autres bateaux de la Bordée, ce qui limite les interrogations des gabelous. Le comité (Marie !) nous avait chapitrés : à part le vin, pas d'alcool fort en bouteille fermée. Nous nous étions donc soigneusement employés pendant cette longue traversée à ouvrir tous les apéritifs, pastis et autres Martinis... Avec les 3 douaniers montés à bord, le bateau paraît soudain bien petit, mais tout s'achève dans une bonne humeur un peu forcée.

BordMalt_comp_066.jpgPort Yasmine est un parking à bateaux, ni plus, ni moins. Pas l'ombre de l'âme d'un port, pontons cadenassés, pas de commerce à proximité (bonjour l'avitaillement), pas de petit café ou restaurant sympa, et pour le shipchandler il faut s'en remettre à l'omnipotent et exclusif chantier Rodriguez, toujours là quand on n'a besoin de rien...




BordMalt_comp_065.jpgAprès une brève visite à la médina d'Hammamet, je vais passer la journée suivante sur le bateau qui a quelques soucis : la pile à combustible refuse de redémarrer après changement de cartouche, et la pompe d'eau douce est morte. Après quelques contacts par internet (au moins ce port insipide a un wifi performant), la pile s'avère irréparable sur place. Pour la pompe, je vais me transporter 3 fois chez l'ami Rodriguez : après ces allers-retours avec ma pompe en panne, d'un modèle pourtant très courant mais absent de l'étal, le vendeur secoue la tête puis tourne les talons sans un mot : à mon grand déplaisir, je retrouve mes mauvais souvenirs d'il y a 30 ans - rien à gagner, rien à cirer... 

Après des heures d'efforts au fond du bateau transformé en étuve, je m'en tirerai avec une réparation de fortune qui nous permettra quand même d'avoir l'eau courante à bord pour le reste de la croisière.

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Teles en escale

Enfin le grand pavois, que le comité (Marie, quoi !) nous impose aux escales, se dénoue et la drisse de spi qui le tenait se retrouve à voler au vent à 6 mètres en l'air, accrochant au passage la drisse de grand-voile : plus moyen de monter au mât avec l'une pour récupérer l'autre. Benoît va réussir l'exploit, juché sur la bôme et à l'aide de 3 gaffes scotchées bout à bout, de rattraper le mousqueton de la drisse et de ramener les deux drisses sur le pont.

A côté du port, la côte est une frange bétonnée à l'infini d'hôtels à la Las Vegas, depuis Nabeul au nord jusqu'à Sousse et probablement au-delà, vers Gabès et Djerba.

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Les investisseurs ont vu grand : ce parc de loisirs géant est quasi désert. En début de soirée les bars sont vides, les serveurs désœuvrés battent la semelle.

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Un bar de plage à l'abandon, des enfants jouant sur une carcasse de barque : au cœur de la saison estivale, on se croirait au lendemain d'un exode.

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15 juillet : après une sympathique soirée barbecue, le départ suivant a été retardé d'une journée en raison d'une météo un peu mouvementée. Certains bateaux sont partis quand même, d'autres resteront une journée supplémentaire. La Bordée ne ressemble plus à grand chose... La tempête annoncée est tout au plus un bon force 5, au près pour une fois. Avec un ris dans la grand-voile, nous rejoignons rapidement Port El Kantaoui, près de Sousse. C'est l'escale la plus au sud de la croisière.


.BordMalt_comp_082_s.jpgEt là c'est superbe : petit port accueillant, restos et boutiques sur les quais (on oublie le Luna Park vulgaire juste derrière). Il est encore tôt et malgré la chaleur nous décidons une courte excursion vers la somptueuse médina de Sousse. Souvenirs, souvenirs... J'étais ici il y a 29 ans, tout a changé sauf cette vieille cité derrière ses remparts majestueux. Fraîcheur et remontée dans le temps : mes équipiers découvrent et je retrouve les bruits, les couleurs, les parfums.


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Sousse : les remparts et la vieille ville

Pour achever ce séjour tunisien sur une note gastronomique, Jérôme va déployer ses talents de chercheur du meilleur restaurant. Après avoir arpenté quatre fois le port et épluché tous les menus affichés (je m'assieds affamé en refusant un cinquième tour !), nous nous attablons dans un fond de cour où on vante le meilleur couscous de la côte. Las ! il n'y a plus de couscous, ni même de vin. Nous dévorons avec une rage rentrée les bricks et la bière réclamée 3 fois, en remettant à plus tard les souvenirs inoubliables...

A suivre ici

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