04 septembre 2025

Cache-cache avec les cyclones

L'acquisition de Boreas arrive en pleine saison cyclonique. Tous les abris hors zone à risques sont pleins jusqu'en octobre. Seule solution : rester à bord en mettant cap au sud par petites étapes, l'œil rivé à la météo.









ANTIGUA

Le bateau est à terre, sanglé au sol comme tous les autres sur le vaste chantier naval de North Sound Marina. 

North Sound Marina


Boreas est bien arrimé
Le ton est donné dès le 10 août : alerte au cyclone sur le nord de l'arc antillais pour le 15 août, jour prévu pour la mise à l'eau.

 

Les modèles météo s'accordent à prédire un passage de la perturbation au nord, au stade de tempête tropicale.

Prévision du 10 août pour le 15

Je retarde la mise à l'eau de quelques jours, qui seront consacrés à l'approvisionnement en nourriture et quelques pièces d'accastillage. Mon équipier Hugo me rejoint à St John's, la capitale de l'île.

St John's

 
L'équipage


Parham Bay

La tempête acquiert le nom d'Erin et passe à environ 170 km au nord d'Antigua. Elle devient ouragan au nord des grandes Antilles et va traverser l'atlantique jusqu'aux côtes d'Irlande et d'Aquitaine.

 
             16 août                                                                18 août

Ça passe là-bas, au nord

Localement, les effets sont mineurs : ciel chargé avec un peu de pluie, rotation du vent qui passe au sud, puis à l'ouest en restant très modéré. La baie de North Sound est très protégée et aucune houle significative n'y entre, à peine un peu de ressac.

19 août : tout danger étant écarté, Boreas est mis à l'eau. Une longue navigation commence.




 Le capitaine est lui aussi mis à l'eau !

Faute d'importation en France, Boreas arbore le pavillon de San Marino

La sortie du Sound passe par une zone truffée de récifs coralliens. Nous avançons prudemment, un œil sur le sondeur et l'autre sur la carte.


Destination : Saint Martin.


Au grand largue sous un vent de 11 à 18 nœuds, Boreas se cale à une vitesse très stable de 6 à 7 nœuds. Les manœuvres sont faciles, le plan de pont pourrait être meilleur sur la position des winchs d'écoute mais c'est gérable. En revanche, la sécurité devra être améliorée sur de nombreux points : lignes de vie et points d'attache entre autres. Heureusement nous n'aurons pas à prendre de ris cette nuit-là.


SAINT MARTIN


Saint Martin, côte nord



L'île est en vue au petit matin. Je mouille en baie Nettlé pour faire les formalités d'entrée à Sandy Ground chez le toujours sympathique shipchandler de l'Île Marine, puis nous prenons une place à la Marina Fort-Louis.

Marigot : Marina Fort-Louis
Nous y passons quelques jours pour prendre livraison de plusieurs commandes, y compris en zone hollandaise. L'équipement de Boreas s'étoffe notablement.

 
                                             Radeau de survie                                                           Balise de détresse

 
Pose de cadènes d'attache et de lignes de vie

 
Antenne Starlink                               Cafetière Nespresso

Le port a des habitants fidèles
En compensation du matériel embarqué, je commence à trier une partie de l'incroyable amoncellement d'objets dont le bateau est rempli : des dizaines de kilos de vieux livres, des pièces périmées ou inutilisables, des outils et ustensiles en triple ou quadruple. Cet inventaire titanesque va se poursuivre tout au long de la croisière.


  
De quoi monter un restaurant...!

 
Un outillage pléthorique et pas toujours adéquat

26 août : après cette mise à jour et un solide avitaillement, nous reprenons la mer, cap au sud : départ à 7 heures du matin sous un vent d'est-nord-est 13 nœuds par travers-petit largue.





La traversée vers St Kitts est faite en 12 heures sur une journée. Pas d'inquiétude météo, tout est calme sur l'atlantique nord.

 


Le vent fraîchit en milieu de journée à 18 nœuds avec quelques rafales. Nous réduisons à 1 ris en vue du canal entre Eustatia et St Kitts.


Le volcan d'Eustatia


ST KITTS & NEVIS


Sous le vent de St Kitts














Une fois le canal de St Kitts franchi, le ris est largué. Les reliefs nous déventent et le vent refuse : nous terminons au moteur les deux dernières heures pour arriver au crépuscule à Ballast Bay, tout au sud de St Kitts.














La trace de la traversée




Ballast Bay

Pour la première fois, l'annexe est mise en service pour débarquer au port Christophe Harbour tout proche. Le test est concluant : pas de fuite, le moteur démarre facilement, bonne stabilité assurée par ses dimensions imposantes.


La marina, qui se veut de grand luxe, est déserte en cette basse saison. 

Christophe Harbour Marina



Le bureau de douane est fermé, il nous faut appeler un taxi pour nous rendre à Basseterre faire les formalités. L'excursion est coûteuse : 150 $ US... Nous n'avons pas le choix.

Basseterre : Port Zante

Le bâtiment des douanes

Si St Kitts bat tous les records de tracasserie administrative pour les formalités douanières aux Caraïbes, je n'y passe qu'une petite demi-heure. Le pré-enregistrement en ligne, sur 3 sites différents demandant tous à peu près les mêmes informations, permet une sérieuse économie de temps et de poids de papier.

De retour à Ballast Bay, nous profitons pendant 48 heures du superbe cadre où nous sommes le seul bateau, le temps de laisser passer une perturbation pluvio-orageuse assez violente : bon test d'étanchéité pour les hublots !

Ballast Bay et White House Bay plus au nord



Déluge tropical

Les lumières de Basseterre sous un ciel clair après l'orage





Au terme de ce court séjour, il faut refaire les formalités de sortie. L'île de Nevis est à une petite heure de traversée juste en face, avec un bureau de douane tout indiqué.

Nevis et son volcan en cône parfait





Boreas à portée de canon

Nous débarquons sur un vaste ponton au port de Charlestown, la capitale de l'île. Les lieux sont accueillants, bien qu'en manque de touristes à cette époque.


Charlestown : le front de mer






















En contraste avec ces dehors riants, le bureau des douanes se trouve dans un austère bâtiment où je vais passer près de 2 heures à m'épuiser sur des ordinateurs obsolètes et des liasses de papier en copie-carbone : c'est sans doute un des derniers pays de la planète à en consommer. J'avais bien fait le pré-enregistrement, mais pas sur la bonne version du logiciel... Restons calme !

29 août : nous quittons en début d'après-midi St Kitts & Nevis, ses volcans et ses douaniers, cap toujours au sud vers notre prochaine escale : la Dominique.



Il n'y a aucun voilier en route au large, mais le trafic est varié : tankers, petits cargos, et des convois de barges en remorque pas toujours faciles à identifier la nuit : le radar est une aide précieuse.

Un convoi devant le rocher Redonda Island, au nord de Montserrat









Le vent est au nord-nord-est de 11 à 15 nœuds, donnant une allure bon plein-petit largue. Notre route passe à l'ouest de Montserrat, puis de la Guadeloupe qui nous dévente au milieu de la nuit. Il faudra 2 heures au moteur jusqu'au sud de Basse-Terre.













La trace de Nevis à la Dominique


Lever du jour sur la Guadeloupe




Le canal des Saintes est, sans surprise, assez agité. Le vent ne dépasse pas 14 nœuds mais les vagues et le courant en sens contraire lèvent une mer hachée qui met Boreas à rude épreuve.

Mer agitée dans le canal des Saintes

Ce n'est qu'au lever du jour qu'apparaissent les dégâts : une partie du trampoline bâbord a été arrachée.


La Dominique

La traversée du canal de la Dominique est moins mouvementée. Malgré le vent refusant, nous arrivons sous voiles jusqu'à Prince Rupert Bay au prix d'une heure de moteur pour les derniers milles. Nous jetons l'ancre devant Portsmouth en début de matinée.























Les douaniers de Dominique ont une réputation nettement plus agréable que leurs voisins. C'est confirmé, les formalités sont vite expédiées. Mais tout n'est pas gratuit : le petit ponton à annexes du port commercial est payant, et il faut se rendre au centre ville en taxi, moyennant finances, pour le visa de la police.

Le quai du port de commerce
Le ponton à annexes

La côte vers le centre ville

 
Portsmouth : le centre ville

Le retour au port est l'occasion d'une promenade à pied le long de la côte : un bref aperçu de ce pays accueillant et préservé.















La célèbre Indian River, principale attraction touristique du pays

Souvenir de cyclone...



Le vent est complètement tombé. Nous allons l'attendre pendant 4 jours, sans rester inactifs : il y a du travail.

Réparer le trampoline

Décoincer une drisse, Hugo hissé en tête de mât

Mettre en route le dessalinisateur

 

Calme plat

Désespoir du voileux !







Les chantiers sont menés à bien, Boreas est de nouveau en ordre de marche pour l'étape suivante : Sainte Lucie. Le suivi météo reste rigoureux, mais aucune alerte n'est émise jusqu'ici : quelques dépressions passent loin au nord, l'activité cyclonique est vraiment réduite cette saison.

3 septembre : le  vent n'est pas furieux mais nous pouvons faire route. Nous levons l'ancre et trouvons au large de quoi avancer sous voiles. 




Le vent fraîchit en fin de journée. Nous réduisons à 1 ris en prévision de la nuit.





Les reliefs nous déventent sur de courtes distances, avalées en 20 à 30 minutes au moteur. Même la Martinique, avec le haut relief de la Montagne Pelée, ne nous gêne qu'une quarantaine de minutes. Boreas remonte mal au vent mais sait tirer parti du petit temps. 

Sainte Lucie

Au lever du jour, Sainte Lucie est en vue. Le canal éponyme est peu agité, l'alizé n'y dépasse pas 11 nœuds.

Arrivée sur Sainte Lucie



La trace de Dominique à Sainte Lucie

Nous entrons à midi dans le grand port de Rodney Bay où Boreas va rester quelques jours. Hugo quitte le bord, un nouvel équipage va lui succéder pour la suite du parcours vers le sud. 

Rodney Bay Marina


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