L'escale de Sainte Lucie marque une pause dans la course de Boreas vers son abri tout au sud de l'arc antillais. La menace cyclonique s'éloigne mais n'est en rien éliminée : septembre est la période la plus propice aux phénomènes dangereux. On ne s'éternisera pas.
Sainte Lucie
5 septembre : les formalités douanières ont été simples. Le port de Rodney Bay offre beaucoup de ressources et je peux remplacer quelques équipements défectueux.
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| Rodney Bay Marina |
Je suis toutefois retardé par la commande d'une durite moteur qui mettra 10 jours à arriver. Je quitte le port et prends le mouillage au sud de l'îlet Pigeon. Il y a une vingtaine de bateaux : ce n'est plus le désert des îles du nord.
Ambiance studieuse pour les travaux du bord, entre deux baignades. Le gréement courant est entièrement rénové, le matériel électrique et les moteurs sont également l'objet de toutes mes attentions.
Nouveau chargeur de batteries Nouvelle durite et autres pièces moteur
Dans le même temps, je fais connaissance avec mes nouveaux équipiers, Emmanuelle et Denis.
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| L'équipage |
19 septembre : nous levons l'ancre pour un peu de cabotage le long de Sainte Lucie. Première escale : Roseau Bay, juste au sud de Marigot.
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| L'entrée de la baie de Marigot |
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| Roseau Bay |
Nous sommes seuls dans la baie. Le silence n'est que faiblement troublé par une pelleteuse travaillant à dégager la petite rivière Roseau. La nuisance est très inférieure aux bars de plage tonitruants jour et nuit, une plaie croissante sur toutes les côtes des Caraïbes.
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| L'embouchure de la Roseau River |
L'étape suivante est l'incontournable site des Deux Pitons. Le vent a la bonne idée de tourner à l'ouest, situation insolite aux Antilles : nous sommes au vent de la côte "sous le vent". Ce vent providentiel reste modéré, entre 5 et 8 nœuds, et notre vitesse souffre d'un courant contraire d'1,5 nœud. Malgré tout, nous atteignons Soufrière sous voiles, où notre accompagnateur Jahleel nous attend.
Cap au sud tribord amures, mais à petite vitesse
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| Les Deux Pitons en vue |
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| Mouillage sur bouée au pied de l'énorme masse |
Nous sommes juste devant le très chic complexe hôtelier dont nous craignions les décibels, mais rien de tel : une courte cérémonie de mariage dans l'après-midi, et une soirée silencieuse à notre grand soulagement.
Jahleel vient nous prendre le lendemain pour une journée d'excursion au départ de Soufrière.
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| Soufrière : le front de mer |
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| Petite visite de la ville |
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| Avitaillement au passage en produits frais |
Les jardins de Maranatha
Des mangues et autres fruits partout
Papayes, caramboles, noix de coco, curcuma, fèves de cacao...
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| Un manguier géant |
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| On n'oublie pas les prières à chaque virage |
La route en altitude offre des points de vue remarquables sur la vaste caldera du volcan Soufrière.
Soufriere drive-in volcano
Au fond du cratère se trouve un site qui émet en permanence des fumerolles et des boues brûlantes. Pas question de baignade : la température dépasse les 100°C.
Piton Falls
Nous terminons par une douche rafraîchissante sous cette cascade au milieu de la forêt tropicale.
La route du retour offre une vue dominante sur la ville.
22 septembre : la bouée des Deux Pitons est larguée en début d'après-midi et nous mettons cap au sud, en route directe vers Grenade.
La météo est clémente : nous retrouvons un petit vent de 8 nœuds sud-ouest à ouest, qui mollit dans le canal de St Vincent pour tourner à l'est, puis fraîchit jusqu'à 17 nœuds. En ajoutant un courant porteur d'1 nœud, Boreas file à 9 nœuds. La nuit est plus calme, il faut de temps en temps appuyer au moteur sous le vent de Saint Vincent et des Grenadines.
Grenade
Au lever du jour, Grenade est en vue. Le vent mollit et un courant contraire de 2 nœuds nous ralentit avec une importante dérive à l'ouest. L'étape se termine au moteur.
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| Lever du jour sur Grenade et les îles du nord |
Les visites de cétacés ont été très rares depuis Antigua. Pour une fois, nous avons toute une famille de dauphins autour du bateau, et même une baleine, probablement un cachalot.
Après avoir contourné le sud de Grenade, nous arrivons au chantier naval de Spice Island où nous prenons la place réservée.
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| Au fond de Prickly Bay |
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| Spice Island |
Le lieu est un peu décevant : ce n'est qu'un quai au pied du chantier naval. Le décor manque de charme, même s'il y a quelques commodités sur place.
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| Boreas à quai |
Des obligations familiales m'appellent d'urgence en France. Au moins le bateau est ici en sécurité en mon absence. Je laisse Boreas et l'équipage pour un aller-retour d'une semaine.
2 octobre : nous quittons Spice Island sans déplaisir pour quelques jours de vagabondage côtier avant la traversée finale vers Trinidad.
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| Remontée sur la côte ouest |
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| Grand Mal Bay |
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| Black Bay |
Dernier mouillage à Grand Anse devant St George's, où nous faisons les formalités de sortie et un complément d'avitaillement.
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| Devant l'entrée du port de St George's |
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| Grand Anse |
6 octobre : il reste une dernière traversée nocturne avant le rendez-vous fixé de longue date à Trinidad. Nous levons l'ancre à 16 h, sous un petit vent de sud-est à 8 nœuds.
Nous sommes vite confrontés aux conditions particulières dans cette zone : les courants variables en intensité et en direction, qui obligent à s'adapter à tout moment.
Au bout d'une heure, le vent tombe à 4 nœuds et le courant est contraire à 2 nœuds. Il faut mettre les 2 moteurs en marche pour ne pas reculer !
Cela ne dure pas et nous pouvons remettre sous voiles au bout de 3/4 d'heure. Le vent reste faible entre 6 et 9 nœuds et c'est le courant qui fait la loi : à nouveau porteur, puis latéral. Notre route est instable et nécessitera un appui moteur intermittent tout au long de la nuit.
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| La chef de cambuse est imperturbable |
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| Eclairage gratuit toute la nuit |
La trace de Grenade à Trinidad
| Une dérive de plus en plus marquée |
Ce stop and go dure jusqu'au lever du jour et toute la matinée. Le courant reste résolument contraire et portant fortement à l'ouest.
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| La côte nord de Trinidad en vue |
Le courant s'inverse, portant cette fois à l'est, la dérive devient caricaturale. Le cap est mis laborieusement sur la passe de Boca de Monos.
Pour que la fête soit complète, la météo prévoyait un passage pluvieux à notre arrivée. Il est bien là, et particulièrement fort.
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| Un chapelet de grains orageux |
La visibilité est très réduite sous les précipitations. Je préfère tourner en rond devant la Boca de Monos en espérant une accalmie. Mais elle ne vient pas, il faut bien y aller.
C'est un déluge. On voit tout juste les côtes de part et d'autre de la passe, sous les éclairs et le tonnerre tout proches. Je suis un bateau de pêche habitué des lieux, en surveillant carte et sondeur.La pluie, fine et dense, arrive de face à l'horizontale. Impossible de garder les yeux ouverts, il faut employer les grands moyens.
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| Pilotage immersif |
Le ciel s'éclaircit pour saluer notre arrivée à Chaguaramas, mais à notre déception, le rendez-vous de sortie d'eau est reporté. Les pluies diluviennes ont fait des dégâts à terre et coupé des routes, empêchant le personnel du chantier d'arriver sur place.
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| Chaguaramas |
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| La zone de mouillage |
La baie est habituellement un cloaque, le ruissellement l'a transformée en bourbier.
Après une nuit au mouillage dans cette ambiance de décharge publique, Emmanuelle et Denis quittent le bord. Le chantier m'octroie la nuit suivante au ponton avant la sortie d'eau.
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| La cale de mise à l'eau |
Mise en place du chariot avec plongeurs
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| Boreas à sa place |
Il reste 2 mois de saison cyclonique. Je laisse ici le bateau en sécurité jusqu'à la prochaine saison de navigation tropicale.





























































































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