N'ayant pas trouvé d'équipage pour la traversée du retour, je la divise en deux parties, chacune restant gérable en solitaire: un peu plus de 400 milles nautiques au total.
La route prévue passe par une étape sur Majorque, une traversée vers l'Espagne continentale, puis la traversée du Golfe du Lion vers les côtes provençales.
Le plan de route
4ème traversée :

Trace GPS de la traversée
On croise de belles unités
Les 50 milles sont couverts en une dizaine d'heures, et je retrouve le site devenu familier de Santa Ponça.
Retour à Majorque
L'orientation du vent me permet de changer un peu, et je prends le mouillage juste au nord de Santa Ponça : Playa Monte de Oro, que je suis seul à occuper.
Playa Monte de Oro : au pied des immeubles, on les voit moins !
5ème traversée :
Il faut d'abord gagner la pointe sud-ouest de Majorque. Un bon vent d'est me pousse jusqu'aux abords de l'île Dragonera, et, pour éviter de la contourner, je commets l'erreur de prendre la passe entre les deux.
L'île Dragonera
La passe Freu de Dragonera
C'est un piège : la renverse du vent aurait dû m'alerter, il est maintenant de face et je dois avancer au moteur. Un fort courant de plus d'1,5 nœud me pousse contre le vent, levant une mer très agitée avec des creux de 2 m au moins. Dans cet étroit goulet, hérissé de récifs et parcouru par des kayakistes bien malvenus, je trouve le temps plutôt long jusqu'à la sortie. Le moteur ne me fait pas défaut et c'est dans un jaillissement soulagé que je me retrouve en eaux saines de l'autre côté.
La côte nord-ouest de Majorque
La mer s'assagit, je trouve un vent de nord-est qui me permet de remettre sous voiles, cap sur Barcelone : 120 milles plein nord.
Trace GPS Majorque-Barcelone
Le vent fraîchit en fin d'après-midi, et je réduis la voilure à un ris. Aquilon accélère nettement, entre 7 et 8 nœuds.
Le vent mollit à partir de minuit. Je largue le ris, et je vais alterner entre voile et moteur toutes les deux heures environ jusqu'au matin.
Balade nocturne
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Le lever du jour |
Les cargos deviennent nombreux
L'arrivée sur Barcelone est semée d'obstacles. Il faut d'abord louvoyer entre les tankers au mouillage, puis se faufiler entre d'innombrables embarcations : plaisanciers, pêcheurs, véliplanchistes et régatiers.
Le parking à cargos
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Régate de prestige |
Une fusée : Luna Rossa, concurrent italien de la Coupe de l'America à Barcelone en août
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38 nœuds relevés à l'AIS ! |
La pub sera bonne
Au terme de ce spectacle varié, j'entre dans le grand port de Badalona, au nord de Barcelone, après 24 heures de traversée.
Le port de Badalona
Aquilon en pause
Le grand supermarché à proximité est fermé ce samedi, comme le dimanche et le lundi qui suivent. Je trouve une supérette à des kilomètres au sud : un quasi-marathon sous un soleil de plomb. Comme si cela ne suffisait pas en termes de marche à pied, je me rends aux sanitaires plaisanciers un peu trop confiant dans mes capacités mnésiques, et j'oublie le code pour regagner le ponton. Me voilà errant en slip dans ce vaste port désert le dimanche, en recherche vaine d'un employé. Je me résous à l'attente sans gloire d'un voisin de ponton qui arrive enfin pour me délivrer le précieux sésame.
Je reprends la route après 2 jours d'escale, pour longer la côte espagnole avant ma dernière traversée.
Adieu à Badalona
Le parcours près de la côte espagnole
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Cap Negra |
6ème traversée :
Ce sont de nouveau 120 milles à parcourir en visant Marseille. La météo me donne une excellente fenêtre avec un vent de sud, fait assez rare dans le Golfe du Lion. Le calcul de route donne un départ à 14 h, de quoi partir en pleine forme pour le bateau et le capitaine.
Prêt au départ à Punta Negra
La trace de la traversée
Le vent passe sud-ouest en mollissant progressivement à la tombée de la nuit.
À 1 h du matin, le vent faible conjugué à un courant adverse ralentit beaucoup l'allure, et il faut avancer au moteur pendant 2 heures. Le vent revient sud-est, et au matin le courant s'inverse, devenant porteur. Le vent monte de nouveau et je retrouve une bonne vitesse en approchant de la côte provençale.
Marseille en vue
À plus de 7 nœuds devant le Planier
La rade de Marseille est très animée : régates, écoles de voile, ferrys. Je choisis d'aller mouiller au nord de la rade d'Endoume pour éviter l'agitation des abords de Pointe Rouge. Mauvais choix : la houle de sud rentre largement et le mouillage est très rouleur. J'y trouve malgré tout un repos bienvenu après 26 heures de traversée.
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Mouillage rade d'Endoume |
Il y a du monde sur l'eau
En fin de journée arrive une formation nuageuse très inhabituelle : un immense rouleau très dense, d'aspect cotonneux, au ras de l'eau. Je pense avec inquiétude à un arcus, mais rien n'était annoncé à la météo que je recontrôle immédiatement. Pas de BMS à la VHF non plus.
Le phénomène persiste une bonne heure sans beaucoup bouger, puis s'évacue par l'ouest en se dissolvant. Ce n'était qu'un banc de brume particulièrement étendu.
Fausse alerte
Fin de parcours :
Il reste à rejoindre la côte varoise, trajet que je connais évidemment par cœur. Les conditions sont particulièrement favorables : du vent de secteur sud, pas violent mais suffisant pour faire la route en 3 étapes d'une journée, presque entièrement sous voiles.
Trace GPS de Marseille à Fréjus
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Escale en baie de Bandol |
Passage du cap Sicié
Encore des régates en rade d'Hyères
Escale en baie de Briande
Sprint final au près serré en baie de Fréjus
Ainsi s'achève ce périple de 1069 milles nautiques parcourus en 5 semaines. Au bilan : une avarie mineure de moteur vite résolue, et surtout aucun phénomène météo dangereux. Merci à mon équipage du début, et aux modèles de Météo-France qui ont été remarquablement fiables pour mes calculs de route successifs.
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