31 mai 2024

Un tour d'Ibiza

Ibiza 2024 - 3

Ibiza, Eivissa en catalan, recèle de vrais trésors, principalement sur sa côte nord-ouest. 

Les bruits de la fête restent à distance, la navigation est un régal. 




3ème traversée :

Ce parcours de 50 milles est particulièrement tranquille : le vent d'est modéré, entre 3 et 7 nœuds, ne permet pas de record de vitesse, étant pénalisé de surcroît par un courant contraire, mais je fais l'essentiel à la voile en 13 heures, dont moins de 3 au moteur. 

De Majorque à Ibiza : la trace GPS


Les hauts reliefs de Majorque s'éloignent



Au large le Belem, que je croiserai plusieurs fois dans ces eaux

Parti peu après le lever du soleil, j'atteins Ibiza au crépuscule dans la large baie d'Es Caletas, vide de tout bateau.

La côte nord d'Ibiza en vue


Ibiza : Es Caletas


Une vedette arrive juste après moi. Il y a largement la place et la nuit est tout à fait calme.



Ibiza du nord au sud :

J'entreprends le tour de l'île par le nord, où se trouvent les mouillages les plus attirants. On est loin des paillettes et des décibels qui font la réputation d'Ibiza : cette côte est majoritairement sauvage, la fièvre immobilière concernant surtout le sud.

Le parcours autour d'Ibiza, avec une incursion sur Formentera


Un petit vent de nord-ouest m'amène en fin de matinée à Portinatx, port naturel très fréquenté, même en cette basse saison.

Portinatx



C'est très serré. Sitôt l'ancre mouillée, l'évitage me rapproche dangereusement des autres bateaux qui ont visiblement mouillé court. Dommage car c'est un bon abri de la houle d'ouest, mais je préfère repartir pour un mouillage moins hasardeux.

Juste à l'ouest, j'entre dans la Cala Xarraca, large baie assez exposée au nord-ouest. Le vent doit tourner ouest dans la soirée, ce qui se produit effectivement. Le mouillage reste cependant assez rouleur, juste supportable pour la nuit mais avec la chance d'y être presque seul.

Cala Xarraca


Un improbable abri à bateaux

Le vent reste à l'ouest quand je reprends la route vers le sud-ouest. Je tire un bord au large où le Belem se montre encore à l'horizon.



Ici commence un paysage de hautes falaises calcaires et d'éboulis géants.
 


Dans une profonde échancrure se niche Port Sant Miquel, ma prochaine escale.

Port Sant Miquel


Le charme du lieu n'a pas échappé aux promoteurs, d'où le hideux chantier sur le versant nord-est. Mais la crique, presque entièrement fermée par une presqu'île à l'entrée, est un abri parfait.




Les grottes sous-marines ou à fleur d'eau sont nombreuses

Après une nuit cette fois très calme, le vent a tourné nord, mollissant. Je progresse à 2 nœuds devant les hauts reliefs qui deviennent granitiques et plongent en à-pics verticaux de plus de 200 m.





La Cala d'Albarca est tentante par son décor entièrement naturel, mais le mouillage s'avère difficile : trop de profondeur jusqu'à proximité de roches affleurantes au fond de la baie, au seul endroit où on trouve du sable. 

Cala d'Albarca

Je me contente d'un petit tour en touriste, avant de longer la partie la plus découpée de la côte : des escarpements et des couleurs qui font penser à la Corse.






La zone est sillonnée par les bateaux de promenade qui donnent une idée des proportions



L'étape suivante est prometteuse : une cala semi-circulaire assez bien abritée du nord, avec vue sur un îlot remarquable. 



Il y a du fond et la place est limitée. Quand je contourne la Punta des Castellar, j'ai la satisfaction de n'y trouver aucun bateau. Mais un imposant catamaran me suit avec visiblement la même idée. Je mouille dans l'étroite bande de sable au milieu, par 11 m de fond d'une parfaite tenue. Mon voisin fait de même, il y a place pour deux ; mais il repart très vite, laissant ce paysage spectaculaire pour moi seul.


Le mouillage de Ses Balandres






L'îlot de Ses Margalides

Une petite plage inaccessible... sauf pour des visiteurs téméraires






Cachée au pied des falaises stratifiées, une construction troglodyte







La route au matin suivant me fait passer autour de l'îlot. Celui-ci forme en son centre une arche en plein cintre avec clef de voûte : une œuvre étonnante de la nature.

Ses Margalides





C'est là que se termine cette côte aux nombreux pitons rocheux. Je rejoins rapidement la baie de Sant Antoni de Portmany pour mon premier (et seul) atterrage sur Ibiza.

Changement radical de décor : vaste baie très urbanisée et sans grand relief, un large plan d'eau propice aux activités nautiques encore peu présentes en cette saison. Je prends le mouillage d'Es Moro, au nord de l'entrée du port, en attendant qu'une panne du système informatique de réservation soit résolu.

Es Moro

Les vacances de rêve...





Après une journée d'attente, je suis accueilli dans ce grand port, le seul de la côte nord, aux nombreuses ressources techniques dont je n'ai, heureusement, pas besoin. 


Sant Antoni de Portmany




Concentration urbaine : juste de quoi dormir entre deux soirées échevelées




Après un avitaillement en produits frais, je reprends la route vers le sud. Je tire des bords contre un petit vent d'ouest pour contourner les écueils de la partie ouest de la baie.









Une fausse passe dans le chapelet d'îlots

La côte sud-ouest est assez construite, jusqu'au bord de falaises dont les éboulements n'ont pas dissuadé les ardeurs bétonnières.

Les architectes sont optimistes...



Les mouillages dans cette partie de l'île deviennent plus fréquentés.

Cala Tarida





La navigation est agréable par vent travers, entre la côte aux multiples calas et les îlots au large.




Cala d'Hort

En face, l'imposante masse du rocher Es Vedra (385 m)



Ma visite des côtes d'Ibiza se termine sur cette pointe sud-ouest. Je quitte l'île vers le sud-est pour une petite traversée d'une douzaine de milles vers Formentera.

Louvoyage devant les rochers Es Vedra et Es Vedranell

Après la Punta de Sa Cova Foradada, à l'extrême sud d'Ibiza, je trouve un vigoureux vent d'est à 18 nœuds au près bon plein. C'est la première fois depuis mon arrivée aux Baléares que je réduis la voilure à un ris.



Formentera :

J'aborde Formentera par sa côte ouest, où je mouille au pied d'une petite falaise dans un espace vide de tout bateau. 

Le mouillage de Punta Negra


Bizarre : une quinzaine de bateaux sont agglutinés à un mille au sud. 



Je plonge à mon habitude pour contrôler l'ancre, et ce que j'observe ne me plaît guère : un long filet fixé au fond s'étire à perte de vue au nord et au sud. La chaîne d'ancre est en partie prise sous un rocher, bien que sans blocage apparent. Et je croise une méduse ! Toutes ces raisons me font déplacer le mouillage plus au nord, où je trouve une large zone claire et sans objets douteux.





Il faut penser au retour. Je remonte vers la longue bande sableuse qui s'étire vers Ibiza, vaste mouillage pris d'assaut par des cohortes de bateaux de toutes tailles, généralement surpeuplés, bruyants et ignorants des règles élémentaires de navigation. De nombreux ferrys rapides sillonnent la zone, il faut passer à travers.


 


Je mouille sous l'îlot S'Espalmador, dans un espace pour le moment tranquille avec des airs de lagon tropical.

Le mouillage de Platja dell Levant



Début d'après-midi : la horde arrive.

Il est temps de partir

J'ai une bonne fenêtre météo pour regagner Majorque le lendemain. Un petit vent de sud me pousse en quelques heures vers l'extrémité nord-est de l'île : une vingtaine de milles sous voiles en moins de cinq heures.

La grande passe entre Formentera et Ibiza

Ibiza Ville : la citadelle et l'entrée du port


Je me félicite d'arriver de jour au cap Roig vers la baie de Paller d'es Camp où je vais passer la nuit : cet endroit est truffé de récifs et de bouées de casier plus ou moins visibles. 

Paller d'es Camp : mouillage sous le vent du rocher Escollos Negres

C'est ma dernière escale sur Ibiza. Le cap est mis désormais sur les côtes françaises, par des chemins détournés.

À suivre ici


2 commentaires:

  1. Super Captain, merci une vrai mine d'or et pas mal de spots encore inconnues sur https://anchorages.co/location/spain/balearic-islands/

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