Ibiza 2024 - 1
À 310 milles de la côte varoise, c'est une petite expédition : programme idéal pour ce mois de mai.
La première traversée est courue en équipage, en compagnie de Marine et Lucas.
1ère traversée :
Début mai, le temps est au beau fixe sans trop de chaleur encore. La plus proche des Baléares est Minorque, à 240 milles nautiques que nous allons couvrir d'une traite.
Le vent est faible et au sud, juste de face. Après une escale-déjeuner aux Issambres, nous entamons un louvoyage laborieux à petite vitesse, pas plus de 3,5 nœuds. La côte est toujours en vue en fin de journée.
Le vent devenant inexistant, nous poursuivons au moteur toute la nuit. Marine et Lucas découvrent la navigation nocturne sous un ciel clair et brillamment étoilé. Cargos et ferries passent à distance, pas d'autre voilier en vue.
Au matin suivant, nous retrouvons un peu de vent de sud-est et nous allons alterner voile et moteur, avant de mettre définitivement sous voiles l'après-midi : belle navigation au près, nous prenons enfin de la vitesse bien que freinés par un courant contraire.
L'heure de l'apéritif est souvent celle des rencontres avec les cétacés. Nous sommes plus que comblés quand une famille de baleines croise notre route : au moins 3 spécimens de belle taille, peut-être des rorquals. La séquence est trop fugace pour être photographiée, mais l'image restera gravée dans notre souvenir.
Le vent fraîchit nettement et nous réduisons la voilure au premier ris. Le courant contraire nous freine toujours un peu mais nous avançons nettement mieux.
Deuxième nuit en mer : le vent est stable au sud-est, nous gardons une allure soutenue au bon plein. L'équipage enchaîne les quarts sans événement marquant.
Le vent mollit après le lever du jour. Le ris est largué, et il faut appuyer au moteur en milieu de journée. Nous ne croisons aucun navire dans cette zone, c'est d'autres manières que l'aventure s'invite à bord...
Lucas brille habituellement aux fourneaux, mais l'idée lui a pris de préparer des hot-dogs aux merguez. Au bout de quelques minutes, le carré est envahi par une nuée poisseuse. Les émanations graillonneuses atteignent traîtreusement l'équipage, qui se signale par des cris divers, évocateurs d'une asphyxie imminente.
Marine, pour la première et unique fois, perd ses nerfs devant la cambuse maculée de traînées douteuses. Le capitaine reste lâchement dans le cockpit, absorbé par une navigation des plus simplissimes. Juste avant l'envoi d'un mayday, la situation se rétablit, les merguez sont avalées dans un désir impérieux de faire disparaître les pièces à conviction. Le ménage est fait, le calme revient.
Nettement moins distrayant, le moteur entre en scène à son tour par un nouveau caprice : une fuite sur l'arrivée de carburant. La vis de purge est desserrée, je revisse, elle casse ! Le support de vis lui-même se met à fuir, son filetage est détérioré : il faudra changer toute la pièce du porte-filtre.
Vis de purge cassée, filetage du support dégradé
En attendant, un montage de fortune à l'aide d'une vis inox permet de limiter les fuites, au prix d'un pompage et d'une purge qu'il faudra répéter chaque jour.
Vis de purge provisoire
Fort opportunément, un vent soutenu revient dans l'après-midi : un bon force 5 de nord-nord-est qui pousse les voiles en ciseaux jusqu'à l'approche de Minorque, tard dans la nuit.
Au cœur de la 3ème nuit, 2 heures du matin : nous entrons dans la baie de Ses Dames, à l'ouest de Minorque, dans une obscurité profonde.
L'équipage, posté à l'avant avec les projecteurs du bord, vérifie l'absence d'autres bateaux. Nous jetons l'ancre au nord de la baie, bien abrités du vent qui se maintient jusqu'au lendemain. La houle entre un peu mais nous trouvons un repos mérité après cette longue traversée de 64 heures, presque 3 jours.
Au réveil, le mouillage est désert
2ème traversée :
Le parcours de Minorque à la baie de Palma
Nous levons l'ancre après une petite grasse matinée. Le vent nous pousse vers Majorque jusqu'en début d'après-midi, puis nous alternons voile et moteur (avec fuites !) en entrant dans la vaste baie de Pollensa.
Majorque : en vue du cap Formentor
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Le phare de Punta de l'Avançada |
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La forteresse Bahia de Pollensa |
Le port de Pollensa nous accueille avec gentillesse et empressement. Le port est sympathique et assez animé.
Après une nuit particulièrement calme, je me mets en recherche de ma pièce moteur. Je trouve un revendeur très dévoué, mais il ne pourra pas l'avoir avant notre départ. Le provisoire est appelé à durer...
Majorque côte est :
Nous reprenons la route vers la côte est de Majorque. Le vent reste généreux, nous avançons à bonne vitesse vers le cap Es Pinar que nous atteignons dans l'après-midi.
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Sous le cap Es Pinar |
Le temps est au beau fixe, l'eau à 19°C, ce qui ne dissuade pas Marine et Lucas de baignades rafraîchissantes.
L'escale suivante est Porto Colon où j'ai presque mes habitudes. La zone de mouillage sur ancre est restreinte en bordure de vastes champs de bouées, mais il y a peu de bateaux et nous trouvons une place sans difficulté pour une halte-déjeuner.
La rade entièrement fermée de Porto Colon
A la sortie, le vent est toujours là. En 2 heures nous atteignons le mouillage d'Es Moro où nous passerons la nuit, seuls dans ce décor remarquable.
Es Moro
Pour l'équipage, la fin de l'aventure approche. Le dernier jour de navigation est porté par un vent qui se maintient de secteur est jusqu'à la pointe sud-est de Majorque, puis vers la baie de Palma.
Nous jetons l'ancre devant San Antonio de la Playa pour une courte nuit.
Ultime baignade
C'est l'occasion de découvrir l'annexe, que je n'avais pas encore sortie depuis l'achat d'Aquilon. C'est une catastrophe : une énorme rustine n'empêche pas les fuites, l'embarcation prend l'eau et est dangereusement instable.
Le débarquement a lieu à 4 heures du matin : impossible de charger plus de 2 passagers, il faudra donc 2 tours. L'opération est menée à bien ; le taxi commandé est à l'heure, Marine et Lucas atteignent en quelques minutes l'aéroport tout proche.
Désormais seul à bord, il me reste l'essentiel : rejoindre Ibiza.
À suivre ici
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