La pandémie Covid n’est pas terminée mais les restrictions
s’effacent peu à peu, en tout cas en zone européenne. La transat prévue
de longue date peut enfin commencer.
Ce sera le parcours classique : Fréjus-Canaries en octobre, traversée océanique en décembre.
Mon équipage compte une nouvelle recrue : Margaux, très motivée
après avoir dû renoncer à la précédente traversée en pleine crise
sanitaire mondiale. Et Patrice retrouve le pont de Powhatan, qu’il
attendait depuis deux ans.
14 octobre : nous quittons le port de Fréjus à 12 h sous un petit
vent d’est force 3, à 4 nœuds sous voiles, temps frais mais clair,
parfait pour amariner l’équipage.
Nous mouillons en
fin d’après-midi au cap Taillat, seuls dans ce joli décor. Patrice s’emploie à poser deux nouveaux WC électriques, mais le
premier va nous faire connaître pour la première fois sur ce bateau
l’épreuve si redoutée des canalisations bouchées. On se dispensera de
détails … Patrice est héroïque ! Après purge, nettoyage, rinçage et
grand ménage que tout l’équipage assure dans l’abnégation,
l’installation est parfaite.
15 octobre : après une nuit calme et réparatrice, nous
levons l’ancre à 13h. Cap au sud sous un vigoureux vent d’ouest
force 5, voilure réduite à 1 ris au près bon plein, Powhatan trace à 8
nœuds sur une mer peu agitée et un temps ensoleillé bien que toujours
frais.
Grand moment de joie : nous croisons 2 baleines (dont un petit ?),
probablement des rorquals, à courte distance. Apparition trop fugace
pour être photographiée, nous préférons nous emplir les yeux.
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Première prise de Patrice : une daurade coryphène |
La mer s’agite la nuit sous une fin de tramontane et mistral mêlés,
passant progressivement au portant jusqu’à 30 nœuds sous rafales.
16 octobre : mollissement progressif du vent qui adonne au
nord-est, les ris sont largués. Il y a encore de bons creux jusqu’à 2 m.
Le cap est mis sur la côte espagnole pour contourner une zone sans vent
au nord des Baléares. Le vent mollit encore, la météo annonce un grand
calme pour au moins 24 h. Il est décidé de faire escale à Porto Soler
sur la côte ouest de Majorque.
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Lever de soleil sur Majorque |
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Approche de la passe de Porto Soler |
Le mouillage dans la baie est très fréquenté

Pendant ce temps, Margaux visite le village de Soler par le petit train
de montagne, qu’il aurait été dommage de manquer.
18 octobre :
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Lever du jour sur la baie |
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En quittant Porto Soler |
Nous repartons pour quelques heures de moteur sous le
dévent de Majorque, et dans la nuit arrive le vent d’est attendu. Au petit matin du jour suivant, nous franchissons la passe de Formentera avec Margaux à la barre.

Le vent fraîchit nettement et nous offre les 2 jours suivants une
route très stable à 8 nœuds. Il faudra même réduire la voilure à un ris
la seconde nuit. Powhatan surfe à plus de 10 nœuds sur une mer formée
avec quelques creux de 2 m.
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20 octobre : le vent reste soutenu jusqu’à l’après-midi, puis
mollit après le passage du cap Gata. Nous avons prévu de mouiller devant
Roquetas de Mar, à l’ouest du golfe d’Almeria, pour laisser passer un
court épisode de vent d’ouest.
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Mouillage devant Roquetas de Mar |
Cette escale permet quelques travaux et
la baignade dans une eau à 22°C. Elle dure finalement 48 heures, le vent
d’est tardant un peu à revenir pour notre dernière étape vers
Gibraltar.
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Roquetas de Mar : petite visite autour du port |
22 octobre : le mouillage est levé, nous partons au près sous un
vent encore de secteur ouest qui mollit vite en tournant nord. Après 2
heures au moteur, le vent d’est attendu surgit d’un coup à la tombée de
la nuit avec une nuée orageuse. Le ciel est zébré d’éclairs d’altitude
et le vent fraîchit en quelques minutes à un force 7 soutenu et des
rafales à 33 nœuds. Nous filons sous 2 ris en surfant sur des vagues de
2 à 3 mètres pendant plusieurs heures, puis les nuages se dissipent, la
lune illumine tout le plan d’eau et ses crêtes blanches. Au lever du
jour, le temps s’est assagi et nous sommes fortement freinés par un
courant contraire de 2 puis 3 nœuds venant tout droit de Gibraltar.
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Les cargos deviennent nombreux |
Le rocher est en vue en fin d’après-midi alors que le vent mollit.
Nous passons au moteur la Punta de Europa à la nuit tombée, pour
remonter la baie d’Algésiras entre les cargos au mouillage. Nous jetons
l’ancre à 23 h côté espagnol à La Linea, achevant cette dernière étape
méditerranéenne. Nous avons parcouru 847 milles nautiques depuis la côte
varoise.
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La Linea de la Concepcion : mouillage au pied du rocher de Gibraltar |
24 octobre : nous sommes dès l’ouverture au ponton carburant de
Marina Bay, sur le territoire britannique de Gibraltar. Le gazole est toujours à
moitié du prix moyen européen.

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Tarifa en vue |
Il
nous suffira de 2 bords en louvoyage arrière, coupant plusieurs fois les
rails des cargos, pour atteindre Tarifa à la sortie ouest du détroit,
en juste 3 heures.
Trace GPS du passage du détroit |
Un seul incident lors d’une prise de ris : un boîtier
de latte de grand-voile est arraché du chariot. L’avarie est vite
réparée, et nous commençons à 8 nœuds notre descente en atlantique vers
les Canaries.
Un boîtier de latte volage
Une fois passé le cap Espartel, le vent s’oriente idéalement pour
nous éloigner de la côte marocaine, ses pêcheurs aux pièges variés,
navires non signalés et filets dérivants. Sur le même bord notre cap
s’arrondit vers les Canaries et ne bouge plus. Nous sommes au grand
largue toujours sous un ris, vent moyen 20 nœuds, distance journalière
175 milles nautiques. La mer est agitée avec des creux de 3 m au moins.
Au large de la route des cargos, nous croisons peu de monde, quelques
paquebots et ferries et aucun voilier devant ou derrière nous.
Nous prenons, puis larguons le premier ris à plusieurs reprises.
Les nouveaux panneaux solaires, en complément de l’hydrogénérateur, nous
assurent une autonomie quasi-complète malgré les nuages et l’ombre
portée des voiles. Les moteurs ne tournent guère que pour l’eau chaude,
ce qui entame à peine le plein fait à Gibraltar.
Comme il y a peu de manœuvres, la brigade de cambuse a décidé de
nous suralimenter : pancakes, bananes flambées, flans, fondant au
chocolat, c'est le coup de feu aux fourneaux.
À défaut de serre-casseroles, le coince-poêle © Patrice
À l’approche des Canaries, nous trouvons davantage de trafic,
cargos et voiliers. Le vent mollit très légèrement et la mer est moins
agitée. Powhatan reste résolument à 8 nœuds grand largue pour les
derniers bords vers l’extrémité sud-ouest de Lanzarote.
28 octobre :
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Lanzarote en vue au soleil levant |
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J'ai du réseau ! |
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En approche de Playa Blanca |
Nous nous amarrons au ponton d’accueil de la Marina
Rubicon, à la date prévue avec une heure d’avance compte tenu du
décalage horaire. Nous avons parcouru 718 milles nautiques en 4 jours
depuis Gibraltar, soit 7,5 nœuds de moyenne. Au total, 1565 milles
depuis Fréjus.
La trace GPS de l'ensemble du parcours |
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Powhatan va séjourner ici pendant 6 semaines. Quelques travaux sont
à prévoir : remise en tension des haubans, butée de rail de mât,
traitement d’une fuite dans la jupe tribord, contrôle du congélateur au
fonctionnement capricieux. Les formalités sanitaires sont réduites au
minimum : on nous demande juste d’envoyer nos certificats de vaccination
sur un site gouvernemental.
L’équipage n’attend qu’un nouveau départ pour la grande traversée, prévue mi-décembre.
Merci à Patrice pour sa contribution en photos.
Le départ approche ?
RépondreSupprimerBonne traversée... au cas où tu aurais besoin d'encouragements pour la tenue du blog !
Amicalement,
Flora
Merci MN ! Départ le 15 décembre comme prévu, cap sur St Martin. Le blog sera mis à jour bien sûr après l'arrivée.
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