04 novembre 2021

Pré-transat 2021

La pandémie Covid n’est pas terminée mais les restrictions s’effacent peu à peu, en tout cas en zone européenne. La transat prévue de longue date peut enfin commencer.

Ce sera le parcours classique : Fréjus-Canaries en octobre, traversée océanique en décembre.








Mon équipage compte une nouvelle recrue : Margaux, très motivée après avoir dû renoncer à la précédente traversée en pleine crise sanitaire mondiale. Et Patrice retrouve le pont de Powhatan, qu’il attendait depuis deux ans.


 


14 octobre : nous quittons le port de Fréjus à 12 h sous un petit vent d’est force 3, à 4 nœuds sous voiles, temps frais mais clair, parfait pour amariner l’équipage. 






Nous mouillons en fin d’après-midi au cap Taillat, seuls dans ce joli décor. Patrice s’emploie à poser deux nouveaux WC électriques, mais le premier va nous faire connaître pour la première fois sur ce bateau l’épreuve si redoutée des canalisations bouchées. On se dispensera de détails … Patrice est héroïque ! Après purge, nettoyage, rinçage et grand ménage que tout l’équipage assure dans l’abnégation, l’installation est parfaite.




15 octobre :  après une nuit calme et réparatrice, nous levons l’ancre à 13h. Cap au sud sous un vigoureux vent d’ouest force 5, voilure réduite à 1 ris au près bon plein, Powhatan trace à 8 nœuds sur une mer peu agitée et un temps ensoleillé bien que toujours frais.

 


Grand moment de joie : nous croisons 2 baleines (dont un petit ?), probablement des rorquals, à courte distance. Apparition trop fugace pour être photographiée, nous préférons nous emplir les yeux.






Première prise de Patrice : une daurade coryphène

La mer s’agite la nuit sous une fin de tramontane et mistral mêlés, passant progressivement au portant jusqu’à 30 nœuds sous rafales.



16 octobre : mollissement progressif du vent qui adonne au nord-est, les ris sont largués. Il y a encore de bons creux jusqu’à 2 m. Le cap est mis sur la côte espagnole pour contourner une zone sans vent au nord des Baléares. Le vent mollit encore, la météo annonce un grand calme pour au moins 24 h. Il est décidé de faire escale à Porto Soler sur la côte ouest de Majorque.


Lever de soleil sur Majorque



Approche de la passe de Porto Soler

 
Le mouillage dans la baie est très fréquenté



Cet arrêt est bienvenu pour réparer une rupture de la butée de rail de mât, induisant un décalage sur le rail par où se sont échappées pas mal de billes des chariots. Une butée de fortune est réalisée avec une pièce de rail, tous les chariots sont démontés et rechargés en billes. 





Pendant ce temps, Margaux visite le village de Soler par le petit train de montagne, qu’il aurait été dommage de manquer.



18 octobre : 

Lever du jour sur la baie

En quittant Porto Soler


Nous repartons pour quelques heures de moteur sous le dévent de Majorque, et dans la nuit arrive le vent d’est attendu. Au petit matin du jour suivant, nous franchissons la passe de Formentera avec Margaux à la barre. 

La passe entre Ibiza et Formentera



Le vent se maintient à un petit force 4. Le gennaker est hissé et nous tire quelques heures à 7 nœuds, cap sud-ouest vers la mer d’Alboran.


 








Le vent fraîchit nettement et nous offre les 2 jours suivants une route très stable à 8 nœuds. Il faudra même réduire la voilure à un ris la seconde nuit. Powhatan surfe à plus de 10 nœuds sur une mer formée avec quelques creux de 2 m.



Encore un trophée pour Patrice : une bonite

20 octobre : le vent reste soutenu jusqu’à l’après-midi, puis mollit après le passage du cap Gata. Nous avons prévu de mouiller devant Roquetas de Mar, à l’ouest du golfe d’Almeria, pour laisser passer un court épisode de vent d’ouest. 

Mouillage devant Roquetas de Mar

Cette escale permet quelques travaux et la baignade dans une eau à 22°C. Elle dure finalement 48 heures, le vent d’est tardant un peu à revenir pour notre dernière étape vers Gibraltar.

Margaux est hissée au mât pour décoincer une drisse

 


Roquetas de Mar : petite visite autour du port

 






22 octobre : le mouillage est levé, nous partons au près sous un vent encore de secteur ouest qui mollit vite en tournant nord. Après 2 heures au moteur, le vent d’est attendu surgit d’un coup à la tombée de la nuit avec une nuée orageuse. Le ciel est zébré d’éclairs d’altitude et le vent fraîchit en quelques minutes à un force 7 soutenu et des rafales à 33 nœuds. Nous filons sous 2 ris en surfant sur des vagues de 2 à 3 mètres pendant plusieurs heures, puis les nuages se dissipent, la lune illumine tout le plan d’eau et ses crêtes blanches. Au lever du jour, le temps s’est assagi et nous sommes fortement freinés par un courant contraire de 2 puis 3 nœuds venant tout droit de Gibraltar.

Les cargos deviennent nombreux



Le rocher est en vue en fin d’après-midi alors que le vent mollit. Nous passons au moteur la Punta de Europa à la nuit tombée, pour remonter la baie d’Algésiras entre les cargos au mouillage. Nous jetons l’ancre à 23 h côté espagnol à La Linea, achevant cette dernière étape méditerranéenne. Nous avons parcouru 847 milles nautiques depuis la côte varoise.



La Linea de la Concepcion : mouillage au pied du rocher de Gibraltar


24 octobre : nous sommes dès l’ouverture au ponton carburant de Marina Bay, sur le territoire britannique de Gibraltar. Le gazole est toujours à moitié du prix moyen européen. 

 


À 9 h nous mettons sous voiles vers le détroit, par un vent d’est soutenu et contre un courant de 3 à 4 nœuds portant à l’est. Le passage est sportif : mer agitée par le vent contre courant, creux de 3 mètres, rafales jusqu’à 33 nœuds. Powhatan glisse en surfs jusqu’à 14 nœuds au milieu d’une multitude de dauphins. 







 




Tarifa en vue

Il nous suffira de 2 bords en louvoyage arrière, coupant plusieurs fois les rails des cargos, pour atteindre Tarifa à la sortie ouest du détroit, en juste 3 heures. 

Trace GPS du passage du détroit

Un seul incident lors d’une prise de ris : un boîtier de latte de grand-voile est arraché du chariot. L’avarie est vite réparée, et nous commençons à 8 nœuds notre descente en atlantique vers les Canaries.

 
Un boîtier de latte volage

Une fois passé le cap Espartel, le vent s’oriente idéalement pour nous éloigner de la côte marocaine, ses pêcheurs aux pièges variés, navires non signalés et filets dérivants. Sur le même bord notre cap s’arrondit vers les Canaries et ne bouge plus. Nous sommes au grand largue toujours sous un ris, vent moyen 20 nœuds, distance journalière 175 milles nautiques. La mer est agitée avec des creux de 3 m au moins. Au large de la route des cargos, nous croisons peu de monde, quelques paquebots et ferries et aucun voilier devant ou derrière nous.





Nous prenons, puis larguons le premier ris à plusieurs reprises. Les nouveaux panneaux solaires, en complément de l’hydrogénérateur, nous assurent une autonomie quasi-complète malgré les nuages et l’ombre portée des voiles. Les moteurs ne tournent guère que pour l’eau chaude, ce qui entame à peine le plein fait à Gibraltar.





Comme il y a peu de manœuvres, la brigade de cambuse a décidé de nous suralimenter : pancakes, bananes flambées, flans, fondant au chocolat, c'est le coup de feu aux fourneaux.

 



 
À défaut de serre-casseroles, le coince-poêle © Patrice

À l’approche des Canaries, nous trouvons davantage de trafic, cargos et voiliers. Le vent mollit très légèrement et la mer est moins agitée. Powhatan reste résolument à 8 nœuds grand largue pour les derniers bords vers l’extrémité sud-ouest de Lanzarote.

28 octobre : 

Lanzarote en vue au soleil levant

J'ai du réseau !

En approche de Playa Blanca

Nous nous amarrons au ponton d’accueil de la Marina Rubicon, à la date prévue avec une heure d’avance compte tenu du décalage horaire. Nous avons parcouru 718 milles nautiques en 4 jours depuis Gibraltar, soit 7,5 nœuds de moyenne. Au total, 1565 milles depuis Fréjus.

La trace GPS  de l'ensemble du parcours

L'entrée de la marina

 


Powhatan va séjourner ici pendant 6 semaines. Quelques travaux sont à prévoir : remise en tension des haubans, butée de rail de mât, traitement d’une fuite dans la jupe tribord, contrôle du congélateur au fonctionnement capricieux. Les formalités sanitaires sont réduites au minimum : on nous demande juste d’envoyer nos certificats de vaccination sur un site gouvernemental.



L’équipage n’attend qu’un nouveau départ pour la grande traversée, prévue mi-décembre.



Merci à Patrice pour sa contribution en photos.

2 commentaires:

  1. Le départ approche ?
    Bonne traversée... au cas où tu aurais besoin d'encouragements pour la tenue du blog !
    Amicalement,
    Flora

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    Réponses
    1. Merci MN ! Départ le 15 décembre comme prévu, cap sur St Martin. Le blog sera mis à jour bien sûr après l'arrivée.

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