28 juin 2015

Retour de Grèce : convoyage express

Zakynthos, 18 juin : la météo prévoit du vent pour à peine 48 heures, avant un calme annoncé au sud de l'Italie. Nous devons partir sans attendre et dès 19 heures nous quittons le port par 20 nœuds de vent travers-largue sous 1 ris.









Le parcours diffère un peu du convoyage aller, deux mois plus tôt : contournement du sud de l'Italie et passage du détroit de Messine, route nord-est au large de Naples et Rome, contournement de la Corse par l'est et le Cap Corse puis dernière traversée vers la côte varoise. Nous avons juste 10 jours.


Mon équipage comprend un nouveau venu : Constantin, jeune skipper en formation promu maître de cambuse, et toujours Alain, maintenant pilier des convoyages de Shrubb.


Traversée de la mer ionienne

Après le contournement de l'extrémité sud-est de Zakynthos, le vent vient au près bon plein à 25 nœuds et nous réduisons à 2 ris et 75% du génois. La mer est agitée, le bateau étale bien à 8 nœuds de vitesse fond sans trop taper dans les vagues.

Grains orageux, finalement peu menaçants

Rencontre d'un voilier de la flotte Sea Cloud
Pendant la nuit, le vent ne faiblit pas et reste nord-ouest, nous obligeant à un long bord cap sud-ouest. Constantin assure son quart malgré le mal de mer prévu et bien présent.

19 juin : au matin, le vent est à 22 nœuds, avec 3 mètres de creux et 9 nœuds de vitesse. Nous sommes un peu secoués mais l'allure reste assez confortable.

L'équipage garde l'appétit

Alerte OFNI : un tronc d'arbre de plusieurs mètres, évité de justesse
Dans l'après-midi, la renverse prévue du vent se précise, refusant et mollissant, puis passant sud. Les ris sont largués, nous maintenons une vitesse de 8 nœuds. Virement de bord à 16 h, cap au nord-ouest sur Messine. 192 milles ont été parcourus en 24 heures.


20 juin : le vent continue à mollir pendant la seconde nuit et après 1 heure du matin nous alternons les heures au moteur et sous voiles. Ce régime se maintient toute la journée suivante. Un événement dans la matinée : la rencontre d'un cachalot, que nous voyons de loin souffler puis sonder alors que nous approchons avec prudence.



Détroit de Messine

En fin de journée nous dépassons le cap Spartivento à l'extrême sud de l'Italie et nous abordons à 18 h sous voiles le détroit de Messine, vent dans le nez comme à l'aller.
 

Contre un vent de nord de 15 nœuds, nous tirons 3 bords sous un ris jusqu'à l'extrémité nord du détroit. La nuit tombante nous offre le superbe spectacle des feux sur les rives et du ballet des ferries illuminés.
 



Au nord du port de Messine, le vent mollit franchement et il y a un courant contraire d'un nœud. Nous finissons au moteur pour mouiller à 23h30 devant Silla, sur la côte italienne. Nous avons parcouru 345 milles depuis Zakynthos.

Silla

Ce village, sur la rive est du détroit de Messine, est un des fameux écueils redoutés dans l'Antiquité : Charybde et Scylla, qui terrifiaient les navigateurs. Depuis un tremblement de terre au 19è siècle, le tourbillon mortel de Scylla a pratiquement disparu et notre nuit a été tranquille.

Silla
 

21 juin : les prévisions météo ne sont pas fameuses ; une fois de plus c'est le calme généralisé sur la mer Thyrrénienne, en tout cas en son centre. Une très légère dépression peut nous pousser un peu le long de la côte italienne, mais il faut attendre un ou deux jours. Nous allons juste changer de mouillage en prenant un peu de nord car celui de Silla, en sortie du détroit de Messine, est assez rouleur.
  
3 à 4 nœuds au largue
Alain surveille le capitaine parti à l'avant
Un bateau traditionnel de pêche à l'espadon
Bateau de travail... un flibustier, si près !

Tropea

Nous progressons avec prudence le long de cette côte où sont signalés de nombreux récifs artificiels, les différents guides se contredisant un peu sur leur localisation exacte.


Après 33 milles sans encombre, nous atteignons Tropea où nous jetons l'ancre devant l'entrée du port.

 

Ce village perché sur la mer est une magnifique escale, que nous mettons à profit en attendant une fenêtre météo : quelques réparations, et un peu de tourisme.


Alain tenait absolument à rétablir l'alimentation du projecteur de cockpit, malencontreusement coupée par l'électricien lors de la pose des panneaux solaires. Après plusieurs heures, frôlant le découragement, et grâce à la ténacité de Constantin pour sonder les tuyaux, le câblage est enfin rétabli.

C'était impossible, ils l'ont fait !

Petite excursion en soirée au pied des murailles
La prouesse de l'équipage est dignement fêtée
  
A l'horizon, le Stromboli
Le jour suivant est consacré à la visite du village : étape gastronomique, vacation wifi. L'accueil est à l'italienne : attentionné et chaleureux, sous un soleil implacable et une forte affluence touristique.

L'accès au village se mérite : 90 marches à monter

L'ombre est recherchée aux multiples terrasses
Palais et édifices baroques

 
Fraîcheur sous les voûtes des innombrables trattorias
Vue plongeante à chaque extrémité de rue

Le sanctuaire bénédictin de Santa Maria dell'Isola
 

Le Stromboli

23 juin : nous quittons Tropea au moteur en direction des îles Éoliennes. Nous allons passer juste au sud du Stromboli où nous devrions trouver un peu de vent.


Le volcan est en activité permanente
Émissions de gaz et coulées de cendres
Devant la côte nord-est, un simple ponton pour les navettes et un mouillage en pleine eau
Comme attendu, nous trouvons un petit vent de 6 nœuds grand largue : belle occasion de hisser le spi.



 

Le vent monte un peu jusqu'à 9 nœuds, et nous tenons 5 à 6 nœuds de vitesse jusqu'au soir. 


















Notre route passe au nord des autres îles Eoliennes

Dans la nuit, le vent monte encore un peu et nous permet de garder une vitesse correcte après avoir affalé le spi. Mollissement après 1h du matin, il faut remettre le moteur jusqu'au lever du jour.

Nous avons parcouru 126 milles ces premières 24 heures depuis Tropea.

Traversée de la mer Thyrrénienne

24 juin : la matinée est bien ventée, il faut même réduire à un ris quand le vent atteint 22 nœuds par travers-largue. Vers midi, il mollit rapidement. Nous tentons de remettre le spi mais la mer est trop agitée et la voile ne tient pas. Nous faisons route au moteur jusqu'à minuit.
  

Cours d'électricité marine par le professeur Alain
25 juin : nous essayons de jouer avec les caprices de la météo en suivant les couloirs de vent entre les zones de calme, mais nous n'éviterons pas les heures au moteur. 133 milles sont parcourus sur 24h.


Une avarie soudaine ne va pas faciliter les manœuvres sous voiles : une des cadènes d'écoute de grand-voile est au bord de la rupture. Nous mettons en place un montage de fortune mais les réglages de voile vont être assez hasardeux.






La nuit tombe alors que nous abordons l'archipel toscan.

Les îles Giglio, Monte Cristo et Pianosa
26 juin : passé minuit, le vent commence à rentrer et nous bénéficions d'un courant porteur. A partir de 4 h, nous remettons sous voiles et réduisons même à un ris au près serré. Au matin, le ris est largué et nous louvoyons entre la Corse et l'île d'Elbe.

Au sud de l'île d'Elbe
Bastia
Capraia

Macinaggio

Nous jetons l'ancre devant le port en début d'après-midi, après 448 milles de traversée depuis Silla.

 



Nous débarquons à la recherche d'une cadène, mais bien sûr ce modèle de grande taille n'est pas en stock. Il nous reste à nous régaler dans un excellent restaurant du port. 
Nous avions aussi prévu une montée au mât proposée par Alain pour la vérification du gréement et des instruments en tête de mât : pas de problème à signaler.


Retour de Corse

27 juin : nous levons l'ancre en fin de matinée pour la dernière traversée vers la côte varoise. Nous sommes juste dans les temps et n'avons plus le choix de la météo : ce sera une route essentiellement au moteur, à part 2 à 3 heures sous voiles à l'ouest du Cap Corse et juste avant l'arrivée.

La Giraglia
Au droit du Cap Corse
Rencontre d'un grand tri : 9 nœuds de vitesse à l'AIS pour 6 nœuds de vent !

Route directe sous brise Volvo...
28 juin : l'arrivée.

Dernières heures sous voiles au large de l’Estérel
Nous parvenons au mouillage des Issambres en début de matinée, après une traversée de 129 milles. La distance totale parcourue depuis la Grèce est de 928 milles. Nous avons fait 95 heures au moteur, soit 60% du temps de navigation : régime normal en méditerranée à cette époque.

Amarrage aux Issambres

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