La météo va en décider autrement : le temps particulièrement agité permettra juste une incursion dans le Golfe d'Asinara, puis une longue partie de cache-cache avec les nombreux épisodes orageux qui secouent la région dès la mi-août.
Traversée continent-Corse
13 août : départ de Fréjus en début d'après-midi sous un ciel estival. Louvoyage au près contre un vent de sud-est à 11 nœuds, adonnant sud au bout de 2 heures. La route est rapidement au cap à 5 nœuds de vitesse-fond.
Devant le Drammont et l'Estérel
Le vent mollit au crépuscule. Le moteur va prendre le relais une grande partie de la nuit.
Le jour se lève sur les côtes corses
Une belle rencontre :
La Revellata en vue
De Fréjus à la Revellata
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Le mouillage de Punta Di l'Oscelluccia |
Le mouillage sous la Revellata est tout indiqué pour une nuit de récupération après cette traversée de 22 heures. Il y a du monde et quelques incidents avec des novices qui ont manifestement du mal à évaluer l'évitage. Aucun dégât toutefois, les fâcheux partent avant la nuit.
Corse nord-sud
15 août : je commence la descente le long de la côte ouest sous un vent d'ouest soutenu. Je vais vite être au parfum de ce qui m'attend…
Après une heure de ce spectacle, la pluie cesse, le vent tourne nord-est puis est, en remontant à 12 nœuds. Je longe la Scandola sous voiles à bonne vitesse jusqu'à la baie de Girolata où je prends le mouillage juste à temps pour un déjeuner bien mérité.
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Nord-Girolata |
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Résidus orageux sur le Monte Senino |
16 août : temps clair, vent de nord fraîchissant au cours de la matinée avec rafales à 30 nœuds.
Mouillage en baie de Liscia, à temps pour m'abriter d'une grosse cellule orageuse en provenance du sud-Corse. Vent fort et pluie torrentielle tout l'après-midi.
Baie de Liscia : la plage du Stagnone sous un ciel menaçant
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Le déluge |
17 août : retour au calme, ciel encore nuageux. Pas de vent, petite étape au moteur vers la Figueira pour une halte-déjeuner.
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Les Canadair s'entraînent |
Escale à Porto Pollo
Il y a du vent : les kites et autres engins volants sont de sortie.
Encore une grosse averse orageuse sur l'étape suivante qui m'amène à la baie de Murtoli.
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Baie de Murtoli : mouillage devant la plage d'Erbajo |
De la Revellata à Murtoli
Traversée Corse-Sardaigne
20 août : les alertes orageuses ont cessé. C'est le moment de traverser les Bouches vers la Sardaigne : vent d'ouest par le travers 15 à 18 nœuds, des conditions idéales. Les 22 milles sont couverts en un peu plus de 4 heures.
De Murtoli à Vignola Mare
Sardaigne est-ouest
Le vent va souffler avec vigueur pendant plus de 48 heures. Je tente une sortie au 2ème jour, mais sitôt passée la Punta Di Li Francesi, je suis cueilli par de fortes vagues de face et des rafales peu engageantes à remonter au près : demi-tour ! Je reprends le mouillage, au demeurant très agréable : pas de houle, peu de nuisances sonores si ce n'est un bar de plage dont le vent emporte les quelques décibels au loin.
Punta Di Li Francesi
23 août : le vent est toujours d'ouest mais a fortement molli. Je lève l'ancre, cap au sud-ouest alors que le vent adonne en tournant nord-ouest : bien qu'il ne dépasse pas les 6 nœuds, j'atteins les 4 nœuds de vitesse par travers-largue serré, sous un ciel complètement dégagé.
J'atteins en milieu d'après-midi le port de Castelsardo où j'ai prévu une courte escale.
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La cité fortifiée de Castelsardo |
Castelsardo : l'entrée du port
Ce petit port est particulièrement bien équipé : un supermarché en bout de ponton, une laverie sur le port, un bar-restaurant de qualité et une station-service. De quoi faire un avitaillement complet avant de repartir.
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Nuit tranquille sous la citadelle illuminée |
24 août : je reprends la route vers l'ouest. Il n'y a guère d'abri sur cette côte jusqu'à l'extrémité ouest du Golfe d'Asinara, et je mouille le long de la côte, sans trop de houle car le vent a la bonne idée de tourner nord-est en restant très modéré.
Plage de Bagno
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Plage de La Luperto |
25 août : un peu de voile ! le vent prend de la vigueur jusqu'à 14 nœuds. J'arrive en moins de 4 heures au fabuleux mouillage de La Pelosa. Beaucoup de bateaux mais aussi beaucoup de place, je mouille sans difficulté au sud de l'île Piana. Il n'y a plus qu'à se régaler du paysage.
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La Pelosa : la petite passe de Fornelli et l'île Piana |
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L'île Asinara |
Je reste 2 jours dans ce décor aux allures d'atoll polynésien. Le parcours en Sardaigne s'arrête là : au vu des phénomènes météo déjà rencontrés, et qui vont à coup sûr se reproduire en cette fin août, il va falloir du temps pour remonter. Autant flâner un peu avant de reprendre la route vers le nord.
De Vignola Mare à La Pelosa
Sardaigne ouest-est
27 août : cap à l'est sous un vent toujours d'ouest, pour une étape assez longue vers Isola Rossa. Le vent va refuser au nord, et les abords du port sont réputés pour leur enfer sonore en soirée. J'opte donc pour le mouillage de la Marinedda, au nord de la presqu'île. Je m'y trouve seul au mouillage, bien abrité de la houle et surtout des torrents de bruit dont quelques échos lointains me parviennent sous le vent.
La Marinedda
Le vent devient inexistant et je vais l'attendre pendant 2 jours dans ce superbe cadre.
29 août : vent modéré de nord, remontée au près en dépassant La Vignola puis le Capu Russu, dernier mouillage sur les côtes sardes.
De la Pelosa à Capu Russu
Traversée Sardaigne-Corse
30 août : vent toujours au nord, cap sur le sud-Corse en tirant des bords à petite vitesse jusqu'aux Bouches de Bonifacio. Le temps est très calme, propice à un mouillage sous le vent de l'île Lavezzi.
De Capu Russu aux Lavezzi
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Île Lavezzi : Cala di u Grecu |
Corse sud-nord
31 août : la météo se complique. Un fort coup de vent d'est est annoncé. Je dois renoncer à remonter la côte est jusqu'à Porto Vecchio et partir vers l'ouest. Je retraverse les Bouches sous un petit vent de sud qui m'amène à l'anse de Chevanu. Je vais y rester 48 heures en attendant un peu de vent.
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Le cap Pertusato et Bonifacio |
Le cap Feno
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Anse de Chevanu |
2 septembre : le vent est toujours anémique mais il faut avancer car un nouveau coup de vent, d'ouest cette fois, est annoncé dans 2 jours. Je fais route principalement au moteur vers le Golfe de Valinco.
Sur la route, un navire bizarre de 57 m : le "B3", tenant du yacht, du bateau de travail et du stand de réception (voir infos ici).
Le B3
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Entrée du Golfe de Valinco |
Je mouille devant la plage de Portigliolo, à proximité de Propriano, alors qu'une nuée orageuse s'étend sur les reliefs.
Plage de Portigliolo
3 septembre : je prends la place retenue au port de Propriano. J'y reste 2 nuits ; le vent d'ouest va souffler en rafales avec quelques averses nourries.
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Au port de Propriano |
Aquilon est amarré sous le vent du ferry : protection efficace contre le vent, mais pas contre le bruit des génératrices qui tournent toute la journée.
Un voisin de ponton peu discret
C'est en cours...
Ce port, néanmoins très agréable, recèle quelques autres curiosités…
Un anxieux...
5 septembre : je quitte le port après un nouvel avitaillement, en principe de quoi tenir jusqu'au retour. Le vent est complètement tombé mais le ciel reste plombé. Je rejoins Porto Pollo au moteur.
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Retour à Porto Pollo |
Près des côtes continentales, les coups de mistral et tramontane se succèdent. La fenêtre pour la traversée du retour s'annonce étroite.
Prévisions pour le 9/9 Calcul de route pour le 10/9
6 septembre : vent d'ouest 10 nœuds, je tire des bords vers la sortie du Golfe de Valinco pour mouiller dans la Cala d'Orzu.
Cala d'Orzu
7 septembre : après une matinée calme, le vent de sud-ouest se lève en début d'après-midi. Je remonte le Golfe d'Ajaccio par vent travers-largue à bonne vitesse. À l'approche des îles Sanguinaires, le ciel s'obscurcit brusquement. Le vent refuse et fraîchit mais sans dépasser 17 nœuds.
Les Sanguinaires en approche
Je prends l'option d'affaler, en hésitant un moment sur le choix du mouillage : la houle est pratiquement dans l'axe des îles, faut-il mouiller au nord ou au sud des Sanguinaires ? Vu les prévisions pour le lendemain, j'opte pour la Parata au sud, quitte à avoir une soirée un peu rouleuse.
Mouillage à La Parata
Finalement les gros nuages se dissipent et le vent s'assagit. J'assure une ligne de mouillage renforcée car un gros coup de vent, un de plus, est annoncé pour le lendemain.
8 septembre : le vent et la houle se sont positionnés au nord-ouest. Le brise-lames des Sanguinaires est efficace : la mer est plate avec juste un clapot levé par le vent. Le vent n'est qu'en partie arrêté, mais passe en tourbillonnant autour des reliefs et arrive en rafales de directions erratiques. Le bateau encaisse de violents rappels sur le mouillage et décrit des mouvements d'essuie-glace désordonnés. Malgré les protections des chaumards, le ragage sur les amarres est intense et je dois les repositionner à de multiples reprises sous une pluie battante.
Les protections des amarres ont souffert
L'accalmie arrive en fin de journée. Le même régime est prévu pour le lendemain, avec un vent orienté un peu plus au nord : l'abri sera meilleur au fond du Golfe d'Ajaccio. Je lève l'ancre (difficilement, elle s'est profondément enfouie après cette journée musclée) et j'arrive à la nuit tombée au pied de la citadelle d'Ajaccio. Je prends le mouillage à l'aide de l'appli Donia, précieux outil pour repérer les fonds avec précision.
Ajaccio en approche sur Donia
Mouillage sous la citadelle
Le vent souffle fort le lendemain mais beaucoup moins qu'à la Parata. La houle entre davantage, le roulis se fait sentir toute la journée mais reste dans des limites acceptables.
10 septembre : je pars dès le lever du jour en vue de la traversée qui s'annonce pour l'essentiel au moteur avec un petit vent et surtout la houle de face.
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La citadelle au soleil levant![]() |
Jusqu'ici, tout va bien. Mais en approchant des Sanguinaires, les choses se présentent autrement.
L'autre côté du chapelet d'îlots est manifestement très agité. De gros rouleaux barrent chaque côté de la passe, soulevant des nuages d'écume. Il y a au moins 9 m de profondeur minimale et les vagues sont loin d'une telle hauteur, mais le courant contraire est net, il faut viser juste et compter sur le moteur en l'absence de vent.
C'est passé !

Après quelques heures d'efforts, il faut se rendre à l'évidence : je n'arriverai pas sur le continent avant le passage d'un gros coup de mistral. J'appelle le port de Calvi qui a de la place pour le lendemain, et je me déroute vers le nord.
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Calvi en approche par l'ouest |
Je prends le mouillage en baie de Calvi pour la nuit, et je me présente au port dans la matinée du lendemain.
À l'abri au port de Calvi
Le mistral arrive peu après et va se déchaîner pendant 3 jours.
Amarrage renforcé
Le port est très protégé : le vent se limite à 30 nœuds, alors qu'à l'extérieur les rafales dépassent 50 nœuds. Je tente une montée à la citadelle mais j'y renonce vite : le vent y souffle sans obstacle et on tient difficilement debout.
Il ne manquait que la pluie : elle arrive ! Grosse averse durant plusieurs heures.
Après 48 heures à ce régime, les éléments s'assagissent un peu mais le ciel reste chargé.
Quelques téméraires (ou pressés) quittent le port. Avec amusement, mes voisins de ponton et moi les voyons revenir deux ou trois heures plus tard. Ce n'était pas fini ! On suggère de leur donner l'adresse de la météo...
Traversée Corse-continent
14 septembre : cette fois le calme est revenu. Je peux envisager la traversée dans de bonnes conditions avec une marge suffisante jusqu'au continent.
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La citadelle en majesté |
Je quitte le port pour une courte étape jusqu'au mouillage de la Revellata, d'où je partirai le soir.
Le Club Med 2 au mouillage dans la baie de Calvi
Retour à la Revellata
Je lève l'ancre à 18h30, en même temps que le Club Med 2. Le vent de sud-ouest est à 10 nœuds, fraîchissant rapidement à 15 nœuds. J'avance au bon plein - petit largue entre 6 et 7 nœuds. Le bateau étale bien la houle résiduelle, le ciel est clair et bientôt illuminé par un éclatant clair de lune. Bref, un plaisir total !
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L'adieu aux côtes corses |
De conserve avec le Club Med 2
La visibilité est exceptionnelle : la Côte d'Azur est bien visible dès le départ depuis la Corse.
Contrairement à l'aller, ce parcours est assez fréquenté. Plusieurs voiliers sont sur ma route, j'en dépasse même quelques-uns. L'un d'eux vient à ma rencontre en début de nuit, droit devant mon étrave, sans AIS, tribord amures donc privilégié. Je manœuvre à son approche, il me croise à quelques mètres : façon de rappeler l'exigence de la veille permanente.
Après cette nuit idéale et entièrement sous voiles, le vent mollit au lever du jour. Je fais route en alternance au moteur et sous voiles avec un temps resté au beau fixe.
Le ciel est toujours parfaitement clair. Les reliefs corses restent visibles alors que je suis proche de la côte varoise.
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La Corse visible à près de 100 milles de distance |
Arrivée sur l'Estérel
Je franchis la digue de Port-Fréjus en début d'après-midi, après une traversée de 20 heures et un périple de 601 milles en 33 jours.
De Calvi à Fréjus
Le suivi météo pluri-quotidien a été crucial tout au long de cette navigation. Reconnaissance à Météo-France et ses modèles Arpège et Arôme pour la pertinence presque toujours confirmée de ses prévisions.
Presque une caricature de météo méditerranéenne cette fois ! Soit trop, soit pas assez de vent. Merci encore une fois, à te lire on s'y croit carrément ! Les photos du retour sont magnifiques.
RépondreSupprimerFlora
salut Olivier. toujours super les récits de tes voyages. Ca donne le souhait d y être.
RépondreSupprimerL'envie de retrouver la liberté de naviguer en petit comité, navigation, mouillage et petite cambuse améliorée. Que du bonheur. Amitiés